Inspiré du livre confession de Marc-Olivier Fogiel, le téléfilm Qu'est-ce qu'elle a ma famille, avec Sofia Essaïdi et Benjamin Siksou, retrace le parcours de GPA de deux couples français. Aussi touchant qu'éclairant, il est programmé ce mercredi 9 février sur France 2.
En France, dans le débat politique comme dans le monde du divertissement, la question de la gestation pour autrui (GPA) est survolée quand elle n'est pas ignorée, balayée par un affrontement idéologique éthéré. C'est pourquoi il faut se réjouir de voir débarquer à l'antenne Qu'est-ce qu'elle a ma famille ?. Diffusé en prime-time ce mercredi 9 février à 21h10, le nouveau téléfilm de France 2 s'empare de cette pratique aujourd'hui interdite par la loi française pour mettre des visages et des parcours sur l'acronyme, montrer l'humanité derrière la définition légale.
Librement inspiré du livre de Marc-Olivier Fogiel paru en 2018, Qu'est-ce qu'elle a ma famille ? narre les déboires rencontrés par Céline et Mathieu, un couple d'agriculteurs qui tente depuis des années d'adopter un enfant. Excédée de se retrouver face à un système défaillant, Céline s'insurge contre son assistante sociale. Alors que cette dernière s'en va, sa jeune stagiaire conseille au couple de contacter Darius, un de ses amis qui, avec son petit ami Julien, recourt à une GPA à l'étranger pour avoir leur premier enfant… D'abord réfractaires, Céline et Mathieu finissent par se renseigner. C'est le début d'une aventure vers la parentalité, tumultueuse mais belle.
La GPA, un parcours humain
De toute évidence, Qu'est-ce qu'elle a ma famille ? est une fiction, ce qui implique tout un lot de ressorts dramatiques pour captiver le public, le surprendre, l'émouvoir. Lorsque le scénario est maladroit, ces tentatives sont contreproductives. Ce n'est pas le cas ici : le téléfilm transpire d'une authenticité palpable à tous les niveaux, des dialogues à la narration et dans l'incarnation. Sofia Essaïdi et Malik Zidi sont déroutants de sensibilité sous les traits de Céline et Mathieu, tandis que Roby Schinasi et Benjamin Siksou livrent une prestation tout aussi efficace et subtile en campant respectivement leurs nouveaux alliés Darius et Julien.
Mais la puissance de ce téléfilm est qu'il ne se repose pas sur une vision fantasmée ou illusoire de la GPA. Par les trajectoires croisées de ses deux couples centraux, il ne manque pas de souligner les obstacles à surmonter pour avoir recours à cette pratique : la nécessité de se rendre à l'étranger, les coûts engendrés par la procédure, les doutes qui peuvent survenir à tout instant, la patience requise pour mener ce projet de famille à bien... Qu'est-ce qu'elle a ma famille ? veille à souligner que faire appel à une mère porteuse est loin d'être une solution facile et miraculeuse.
Lumière sur les femmes concernées
L'une des épreuves les plus difficiles à traverser est très probablement le poids du regard extérieur. Lorsqu'elle annonce à sa famille qu'elle songe à la gestion pour autrui, Céline se heurte à un mur en la personne de sa mère. Celle-ci est totalement hermétique à cette pratique qu'elle juge déshumanisante pour les mères porteuses, vues comme de vulgaires "porte-bébés".
En réponse à cette idée reçue, le téléfilm développe les personnages des deux Canadiennes qui porteront les enfants des couples français. Largement maintenues dans l'ombre par les débats politiques autour de la GPA, les premières concernées sont donc ici mises en lumière. Dans une scène criante de sincérité, Kelly (Jennie-Anne Walker) a ainsi l'occasion d'expliquer son choix désintéressé de devenir mère porteuse pour les deux agriculteurs. Le film montre aussi que ces femmes ne sont pas seules : elles ont souvent leur propre famille qui a également son ressenti sur la GPA – amené avec clairvoyance et bienveillance dans la seconde partie de Qu'est-ce qu'elle a ma famille ?.
Résolument optimiste, le parti pris du téléfilm ne convaincra pas les idéologues opposés à la GPA. Mais celles et ceux qui ne demandent qu'à écouter avant de se faire leur propre opinion y trouveront matière à penser. En prenant le temps de creuser toute sa galerie de personnages, Qu'est-ce qu'elle a ma famille ? désamorce les clichés qui diabolisent la GPA, se montrant brillamment pédagogique dans son approche en laissant peu d'angles morts. Et sa narration tient la route de bout en bout, faisant preuve d'une vraie cohérence dramatique.
"Ouvrir le débat" sur la GPA
On retiendra également de son visionnage que le téléfilm fait de la sexualité de ses personnages un non-sujet. Il préfère mettre en exergue des valeurs qui sont tenues à l'écart dans le débat politique – de surface jusqu'à présent – sur la GPA : l'entraide, la compassion, la patience et, surtout, l'amour.
"Notre rôle avec un film comme celui-là c’est avant tout d’ouvrir le débat", argue Sofia Essaïdi dans une interview avec Benjamin Siksou pour TÊTU. Ce qui sera amorcé dans la foulée puisqu'un débat animé par Julian Bugier aura lieu en deuxième partie de soirée sur France 2, avant la rediffusion à 23h40 du documentaire "PMA-GPA, les enfants ont la parole". Une démarche d'autant plus bienvenue que le sujet est largement ignoré de la campagne électorale en cours pour la présidentielle.
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Crédit photo : France 2
