mondeAu Sénégal, une nouvelle manifestation réclame de criminaliser l'homosexualité

Par Gabriel Moullec le 21/02/2022
manifestation sénégal contre l'homosexualité

Ce dimanche 20 février, une foule s'est à nouveau rassemblée à Dakar, à l'appel d'associations islamiques, pour réclamer un durcissement de la législation condamnant l'homosexualité au Sénégal.

Sunday, creepy sunday… Ce dimanche 20 février 2022, une "large foule" a manifesté dans la rue à Dakar, capitale du Sénégal, pour réclamer la criminalisation de l'homosexualité, rapporte RFI. Le collectif islamique And Sam Djiko Yi ("Ensemble pour la sauvegarde des valeurs" en wolof), regroupant plus de 125 associations musulmanes, était à l'initiative de cette manifestation, qui s'était déjà produite l'an dernier dans ce pays d'Afrique de l'Ouest où les personnes homosexuelles sont déjà sévèrement réprimées.

À lire aussi : Au Sénégal, l’invisibilité, une question de survie pour les gays et lesbiennes

"Oui à la criminalisation de l'homosexualité"

"Oui à la criminalisation de l'homosexualité", pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants ayant répondu à l'appel du collectif. Dans ce pays où la loi en vigueur prévoit déjà que "sera puni d'un emprisonnement de un à cinq ans et d'une amende de 100.000 à 1.500.000 francs CFA [de 150 à plus de 2.000 euros, ndlr] quiconque aura commis un acte impudique ou contre-nature avec un individu de son sexe", une partie de la population revendique donc un durcissement de la peine encourue. "Notre proposition de loi, vise à alourdir la peine. L'homosexualité n’existe pas dans nos valeurs ni dans notre foi. Tout comme la polygamie qui est interdite en France, ici aussi, l’homosexualité est interdite", à ainsi déclaré l’imam Pape Birame Sarr, membre du collectif, cité par RFI.

En janvier dernier, le Sénégal a rejeté une proposition de loi visant à renforcer la législation homophobe portée par onze députés. Ce projet de loi prévoyait un alourdissement des peines encourues pour les personnes LGBTQI+ avec le passage de cinq à dix ans d'emprisonnement et une augmentation des amendes. Il avait été retoqué par l'Assemblée nationale au motif que l'homosexualité était déjà assez sévèrement réprimée.

Une ligne d'écoute et une pétition

À quelques mois des élections législatives au Sénégal, les associations de lutte pour les droits des LGBTQI+ s'inquiètent du renforcement de l'islamisme au sein de la sphère politique sénégalaise. Le collectif Free Sénégal dénonce ainsi une "régression en cours dans notre pays, qui utilise le prétexte de la religion islamique pour plonger une frange de la nation sénégalaise dans la peur, la laissant sous l'emprise des chefs religieux, qui poursuivent leurs objectifs de pouvoir et de contrôle politique sur la population". Un phénomène d'autant plus inquiétant que le président de la république en exercice, Macky Sall, s'y montre perméable, lui qui avait déclaré en 2020 qu'"interdire l’homosexualité n’a rien d’homophobe".

Face à la recrudescence de la haine homophobe, l'association Free Sénégal s'est dotée d'une ligne nationale d'écoute gratuite pour venir en aide à ceux qui en aurait besoin. Une pétition a par ailleurs été lancée pour dénoncer "l'absence d'État de droit au Sénégal, appelant au respect des droits humains pour tous".

Crédit photo : Capture d'écran Africanews