Actuellement dans le Top 10 français de Netflix, Qui ment ? est un mélange entre série pour ado à l'américaine et série policière, avec un personnage gay attachant. Ne vous laissez pas avoir par ses caractéristiques un poil cliché, la première saison n'a de cesse que de défier les idées reçues…
Une basique reprise de Gossip Girl sans les strass et les paillettes ? C'est ce à quoi on s'attend quand on lance le premier épisode de Qui ment ? (One of Us Is Lying en VO), une série inspirée du roman éponyme de Karen M. McManus dont la saison 1 comprend huit épisodes d'environ 45 minutes. On y retrouve un groupe d'adolescents dont les secrets menacent d'être révélés, des réputations menacées à cause d'un blogueur qui semble omniscient... Pourtant, nos attentes sont très vite déjouées et ce n'est pas pour nous déplaire. L'identité de l'auteur des révélations qui font trembler le lycée de Bayview High est connue de tous. Sauf que voilà, ce dernier meurt dans des circonstances plus que troublantes et les soupçons se tournent immédiatement vers ses cibles. Le spectateur, veinard, a même le privilège de connaître en avant-première les secrets des protagonistes.
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On peut y voir aussi un clin d'oeil à Breakfast Club : des jeunes que tout oppose amenés à se rapprocher en raison d'une retenue. Sauf que dans le classique de John Hughes, personne ne meurt pendant son heure de colle. On retrouve les personnages du rebelle, de l'intello, de la populaire et du grand sportif qui, on vous le donne en mille, est gay ! Et dans le placard. Prévisible, mais le côté thriller ajoute du piment à la série. D'autant plus que le véritable assassin rode toujours et que le blog de la victime est encore actif… L'intrigue est assez efficace pour nous tenir en haleine jusqu'au bout, avec cette question : parmi les suspects, qui a le meilleur mobile ? Et en même temps, les personnages ont tous quelque chose d'attachant. Alors, qui d'autre aurait intérêt à voir disparaître le jeune homme ? Entre suspicion et attachement, la ligne est fine.
Des personnages pas si simples
Vous l'aurez compris, les profils des personnages ne dénotent pas de ceux que l'on retrouve dans une bonne partie des séries américaines pour ados, mais Qui ment ? en joue avec une certaine habileté. Tous se révèlent plus complexes et cette profondeur insoupçonnée leur donne une toute autre épaisseur. La jolie blonde que tout le monde considère comme la nunuche de service est par exemple beaucoup plus vive qu'elle ne le pense. Cette enquête la mènera d'ailleurs vers plus d'indépendance et d'affirmation. Le bad boy n'est quant à lui pas qu'un voyou de base et son côté petit garçon meurtri joue en sa faveur. Le risque aurait été de tomber dans le mélodramatique mais la série a su doser le pathos. Quant au petit génie du groupe, son côté je-sais-tout est quelque peu agaçant, on ne va pas se le cacher, mais son humilité, son empathie et sa volonté de porter secours à ses proches la rendent profondément humaine.
Et le sportif gay dans tout ça ? Pour une fois, il ne s'agit pas d'un quarterback blond mais d'un espoir noir du baseball. Son père rêve d'un grand avenir pour le jeune homme et n'a pas hésité à déménager pour mettre toutes les chances de son côté. C'est simple, la vie de la famille tourne autour de la performance. Sauf qu'être gay dans le monde du sport professionnel, c'est se confronter à des barrières supplémentaires. Et il faut le dire... risquer de décevoir son père qui l'a toujours soutenu. Le beau Cooper est donc coincé dans un couple sans amour avec une lycéennes à la fois belle et gentille qui l'accepte comme il est.
Une relation gay qui ne fait pas tapisserie
Ce qui est intéressant, c'est que la série met l'emphase sur la différence de traitement de la part des policiers entre lui et les autres suspects, notamment lors des perquisitions. Étrangement, elle se révèle bien plus musclée chez le seul mec racisé du groupe… On nous fait comprendre subtilement que le père du personnage a dû faire face au racisme de sa propre génération. Finalement, ses réticences face à l'homosexualité de son fils s'apparentent davantage à un appréhension des conséquences que pourraient avoir l'ajout d'un facteur discriminant pour l'avenir de son fils qu'à une homophobie crasse.
Heureusement, dans cette vie de contrôle permanent, il y a un endroit ou le jeune homme peut être lui-même et se lâcher... la chambre de son crush/mec/amant/ami/on ne sait pas très bien. Un étudiant plus âgé, complètement à l'aise avec sa sexualité qui joue en quelque sorte les maîtres Jedi pour notre padawan. Le personnage est aussi en phase avec son identité et son expression de genre, plus fluide que celle de l'athlète vedette sans surjouer la queerness à tout prix. La série nous offre des moments de sexe torrides sans tomber dans l’écueil de la bestialité fantasmée du sexe gay. À côté de ça, des moments de tendresse, de doutes, de disputes font avancer leur histoire et la rendent plus vraisemblable. Soulagement, le garçon finit même par surmonter la crainte de l'outing. Exit les effusions de larmes et les discours grandiloquents ! Au lycée, il y a même un autre personnage lesbien assumé qui a son importance… Et un bisou, c'est dit.
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Crédit photo : Peacock