État des lieux du féminin en mode chaos, ce film bulgare présenté en mai dernier au festival de Cannes déstabilise, bouscule et étourdit par la force de son propos et sa façon bravache d’assumer ses excès.
Vesela Kazakova, qui co-réalise Women Do Cry avec Mina Mileva, s’est inspirée d’événements familiaux pour raconter des destins féminins, des mères, des filles, des sœurs dans la Bulgarie d’aujourd’hui. Pas de faux-semblants ici puisque l’un des enjeux majeurs du film, c’est la frontalité de son propos.
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Que ce soit au travers des portraits d’une jeune femme trompée et contaminée par le VIH ou d’une autre en dépression post-partum, en évoquant la recherche de l’amour (lesbien) ou la quête mystique du bonheur ou d’une forme de délivrance, Women Do Cry met les doigts dans les blessures et les traumatismes sans crier gare.
Women Do Cry, poing levé
Le film est brutal, chaotique et up tempo, que ce soit sur le fond et sur la forme. La réalisation en mouvement quasi perpétuel (qui n’est pas sans rappeler les motifs du cinéma roumain voisin), ou le montage qui laisse rarement le temps de respirer, servent une vision presque exhaustive mais bien sentie des masculinités toxiques, de la misogynie et de l’homophobie ambiantes et des violences de toutes natures qui s’exercent sur les femmes, de toutes conditions et générations confondues.
Le film ne s’excuse jamais d’être ce qu’il est, de montrer ce qu’il montre et d’autoriser à ses personnages féminins à sortir du cadre de la bienséance d’usage. Les héroïnes ne font pas que pleurer, elles crient, s’épuisent, se rebellent, s’entraident, se soutiennent et refusent le monde tel qu’il est, tel qu’il continue d’être. Malgré quelques rares moments de tendresse et d’apaisement, Women Do Cry est un film en colère, qui épuise, réveille, révolte, et agit en profondeur avec la force d’un poing (ou d’un doigt) levé bien haut. Puissant.
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Crédit photo : Eurozoom
