législatives[Tribune] L'homophobie n'est ni populaire, ni sociale, ni négociable

Par tribune le 09/05/2022
La gauche s'est rassemblée dans la NUPES pour les élections législatives 2022

Plus de 600 élu·es, militant·es et citoyen·nes ont signé un texte appelant la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) à revoir l'investiture pour les élections législatives de Jérôme Lambert, député socialiste sortant de la Charente connu pour ses positions anti-LGBTQI+ : "Nous demandons aux instances du Parti socialiste de designer des candidat·e·s luttant réellement en faveur de l'égalité".

Le 6 mai 2022, le journal têtu· révèle la LGBTIphobie du député Jérôme Lambert, candidat investi par la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale (NUPES). Député depuis 1986, sauf entre 1993 et 1997, il est un fervent opposant aux droits des personnes LGBTI+ : il a voté contre le mariage pour tous et contre la PMA pour toutes, estimant que "la filiation c'est un élément mâle et un élément femelle", ce qui n'est pas sans rappeler les slogans les plus réactionnaires de la "Manif pour tous", mouvement qu'il a soutenu, et réduisant une fois de plus les individus à leur sexe biologique. 

[Mise à jour, 11 mai : le Parti socialiste a renoncé à la candidature de Jérôme Lambert]

Jérôme Lambert, député socialiste depuis les années 80 a été investi par le Parti Socialiste en tant que sortant parmi les 70 circonscriptions négociées avec l’Union Populaire. Il paraît impensable qu’un candidat que nous estimons homophobe puisse être soutenu par la NUPES. Son statut de petit-neveu de François Mitterrand lui donne-t-il un collier d’immunité ? Le fait que cela soit son 6ème mandat sur cette circonscription est-il une raison de l'investir à nouveau pour une 7ème fois ? Nous portons également un regard attentif à la candidature de Dominique Potier, député socialiste de Meurthe-et-Moselle qui s’est abstenu lors des votes en faveur du mariage pour tous et qui a voté contre la PMA. Comment pouvons nous tolérer cela dans nos rangs ?

La gauche s’est rassemblée pour les élections législatives autour de la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale. Ce rassemblement des forces de gauches et progressistes était attendu depuis longtemps par les militant·e·s, qui se retrouvaient ensemble depuis des années dans de nombreuses luttes. La défense des droits des personnes LGBTI+ en fait partie. Le quotidien des personnes lesbiennes, gays, bi, transgenres et intersexes demeure toujours empreint de violences et de discriminations, et ce, malgré des lois allant dans le sens de l’égalité votées ces dernières années. Ainsi, si la reconnaissance des couples homosexuels ainsi que l’adoption pour les couples de même sexe est l’une de ces avancées qui peut rendre fière la gauche, l'égalité n'est toujours pas effective en pratique.

Cette gauche a toujours porté ces aspirations à plus d'égalité et à l'émancipation, luttant pour améliorer la vie des personnes LGBTI+. Le PACS adopté en 1999 par les socialistes ouvrira la porte à la protection des personnes homosexuelles en France (avec notamment la première proposition de loi pour un partenariat civil déposé par Jean-Luc Mélenchon dès 1990). Les écologistes ont célébré le premier mariage homosexuel à Bègles le 5 juin 2004, avec Noël Mamère. Mariage célèbre qui permettra de visibiliser les nombreuses discriminations dont font l'objet les couples de mêmes sexes et de questionner l'absence d'égalité des droits entre les couples hétérosexuels et homosexuels. C'est cette gauche-là qui doit être emmené à l'Assemblée nationale, une gauche résolument soucieuse de l’égalité.

Aussi, à l'heure où la gauche se rassemble autour des valeurs fondamentales qui sont les siennes, s'y inscrivent notamment le respect des différences et l'égalité de toutes et de tous. Cette coalition des gauches ne peut cependant être au rabais. Présenter des candidats que nous considérons comme ouvertement homophobes serait dramatique, tant pour le message envoyé aux électrices et électeurs de gauche qui y verraient une trahison de leurs valeurs fondamentales, qu'aux yeux de la société en général, du fait de la contradiction entre lesdites valeurs et la réalité. Aucun passe-droit ne doit être accordé. Soyons fondamentalement résolu·e·s dans ce qui fait nos convictions, et au-delà des mots, soyons-le dans les actes. Nos droits ne doivent pas être sacrifiés pour des considérations électorales.

Nous demandons donc que la NUPES, et plus particulièrement que les instances du PS retirent l'investiture à ces candidats. Nous demandons à ce que soit porté·e·s à l'investiture locale des candidat·e·s luttant réellement en faveur de l’égalité. Alors que les idées réactionnaires s'immiscent, s’installent et altèrent la société et le vivre ensemble, nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir des ennemis dans nos rangs. Nous ne pouvons soutenir des députés résolument contre nos droits.

À lire aussi : "La filiation, c'est mâle et femelle" : Jérôme Lambert, candidat… de l'alliance de gauche

Extrait de la liste des signataires de la tribune :

Jean-Baptiste Lachenal, militant LGBTI+
Fanny Baklouti, militante et collaboratrice d'élu.e.s écologistes
Matthias Parveau, militant écolo LGBTI+ membre du bureau d'EELV92
Mélanie Vogel, sénatrice écologiste
David Belliard, maire adjoint de Paris
Alba Estebénet, équipe éditoriale XY média
Nadhéra Beletreche, candidate NUPES en Essonne
Annie Lahmer, conseillère Régionale Écologiste
Eric Arassus, co-secrétaire EELV Paris 20 / Délégué InterLGBT+ bureau Commission LGBT d'EELV
Mélissa Camara, conseillère municipale à Lille
Raphaëlle Rémy-Leleu, conseillère de Paris EELV
Chloé Sagaspe, conseillère de Paris EELV et membre de la direction nationale d'EELV, déléguée à la jeunesse, au climat et à l'environnement 
Frédéric Badina-Serpette, conseiller de Paris EELV
Pablo Pillaud-Vivien, journaliste
Bénédicte Monville, présidente du groupe de la gauche et des écologistes à Melun et à l’agglomération Melun Val de Seine
Andy Kerbrat, candidat NUPES sur 2ème circonscription de la Loire Atlantique
Théo Challande-Nevoret, adjoint au Maire de Marseille, en charge de la Lutte contre les discriminations
Damien Loret, réfèrent Géneration•s LGBTI
Aurelien Beaucamp, ancien président de Aides
Lydie Raër, conseillère municipale à Ivry-sur-Seine
Maxime Romero, auto-entrepreneur, LFI, Sœur de la perpétuelle Indulgence couvent des Traboules
Sarah Persil, vice-Présidente du Conseil Régional Bourgogne Franche-Comté, EELV
Noé Robin, chef de file de l'Union populaire dans la 3ème  circonscription de Charente
Sarah Reboullet, secrétaire Générale d'Act Up-Paris
Morgan Jasienski, militant écologiste et LGBTQIA
Alexandre Cathala, membre du bureau national du collectif LGBTI+ du PCF "Fier•e•s et révolutionnaires"
Paul-Dominique Salvan, sans profession, Parti de Gauche, ancien chef de file Union populaire Benelux
Magali Sautreuil, conseillère régionale en Centre-Val de Loire, EELV
Elisa Koubi, coprésidente de l'Inter-LGBT, membre du bureau de la commission LGBTI du PCF
Claire Mermoz, bureau de la Commission LGBT d'EELV 
Sophia Popoff, conseillère EELV municipale et métropolitaine de Lyon
Eli Tessier, conseiller Fédéral EELV
Jean-Loup Thévenot, président de LGBT+ 66

Crédit photo : JULIEN DE ROSA/AFP