documentaireLes derniers condamnés pour homosexualité ont la parole sur France 5

Par Nicolas Scheffer le 13/05/2022
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L'émission "La Case du siècle", sur France 5, revient ce dimanche 15 mai sur le parcours de ces hommes passés, il y a encore seulement quarante ans, devant le juge en raison de leur homosexualité.

"On avait intégré que de temps en temps, on se ferait embarquer par les flics parce que c'est comme ça." Les mots de ces vieux gays sont forts, à l'image de l'injustice qu'ils ont subie dans leur jeunesse. La journaliste Ariane Chemin et le réalisateur Emmanuel Hamon sont allés à la rencontre des témoins de la criminalisation de l'homosexualité en France. Dans le documentaire "Homosexualité : les derniers condamnés", programmé ce dimanche 15 mai sur France 5 dans l'émission d'histoire "La Case du siècle", cinq hommes racontent cette période où un décret hérité de Philippe Pétain établissait une discrimination pour les homos dans l'âge de la majorité sexuelle (21 ans puis 18 ans à partir de 1974).

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Un micro-trottoir tiré d'archives donne le ton de l'homophobie ambiante de l'époque : les homos sont encore considérés comme "des malades, des gens qu'il faudrait soigner". L'académicien Dominique Fernandez rappelle que "les seuls livres où l'on parlait des homosexuels étaient ceux des psychiatres et des psychanalystes", dont l'un dit : "Je n'ai jamais vu d'homosexuels heureux". De quoi, explique-t-il, se sentir malade.

"On était vus comme des délinquants"

Plusieurs milliers d'hommes, 10.000 affirment les historiens Regis Schlagdenhauffen et Jérémie Gauthier dans un article scientifique, ont été répertoriés entre 1945 et 1978 dans le Compte général de la justice pour des actes homosexuels.

Bernard Bousset, devenu bien plus tard propriétaire de l'Open Café, épicentre de la vie gay à Paris, raconte comment il a été condamné pour avoir pris un bain avec un garçon à peine plus jeune que lui, qui avait 21 ans. À l'époque, le jeune homme ne savait même pas qu'il s'agissait d'un délit. "J'ai été condamné à une amende et à la publication dans les journaux. L'encart stipulait que Bernard Bousset, né à Dax dans les Landes a été condamné pour détournement de mineur (...) On était vus comme des délinquants !", se souvient-il, encore ému par cette condamnation. Régulièrement, la nuit, les policiers embarquaient dans leur "panier à salade" les hommes qui se retrouvaient dans des lieux clos ou non. "C'est comme si on avait cambriolé la banque de France", se rappelle Michel Chomarat.

À la fin des années 70, ces hommes se mettent à acheter avec fierté le magazine Gai Pied. C'est l'heure des premières manifestations et d'un souffle nouveau tourné vers la gauche. Il faudra attendre l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir, le courage de Gisèle Halimi et de Robert Badinter pour que ce délit soit abrogé.

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Crédit photo : FTV