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séries"First Kill", le Twilight lesbien qu'on attendait (ou presque)

Par Tessa Lanney le 21/06/2022
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First Kill, la nouvelle série Netflix narrant l'histoire d'amour impossible entre une vampire et une chasseuse de monstres, ravira les aficionados du genre malgré quelques approximations.

"Deux anciennes maisons réputées d'égale dignité dans la belle Verone, où se place notre scène, pour d'anciennes querelles de nouveau se mutilent." Roméo et Juliette ? Non (enfin oui, mais pas que) : First Kill, la nouvelle série saphique et vampirique de Netflix. Si vous avez un jour été fan de Twilight, rêvant de vous faire mordre par le beau Édouard avant de vous rendre compte que vous préfériez Kristen Stewart, il y a fort à parier que vous ne passerez pas à côté de First Kill. Un pitch prometteur : deux ados lesbiennes, une vampire, une chasseuse de monstres. Un amour impossible et pourtant, un lien indéfectible. Topos littéraire qui a largement fait ses preuves, mais qui, d'une certaine façon, se voit réinventé ici puisque ce qui sépare Calliopé et Juliette, respectivement interprétées par Imani Lewis et Sarah Catherine Hook, n'est aucunement leur homosexualité mais bien leur nature.

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Mine de rien, de nombreuses thématiques sont abordées dans la série, comme le fait se s'accepter tel que l'on est. Juliette est tiraillée entre son identité de vampire, ses besoins, ses envies, et son humanité dans ce qu'elle a de plus pure et innocente, associée à un refus de faire du mal à autrui. Elle se retrouve dès le départ dans une position de rejet de ce qu'elle est et, plus largement, du milieu dans lequel elle a grandi. Pourtant, lorsqu'elle se laisse aller à ses envies pour le moins primaires, encouragée par sa soeur, elle prend plaisir à se livrer à ce que les vampires font de mieux… Jusqu'à ce qu'elle se fasse rattraper par sa culpabilité. Deux facteurs entrent en compte : ses propres convictions et son envie de se conformer aux attentes des êtres humains qu'elle aime, son meilleur ami Ben et sa petite amie Calliopé. Mais pourrait-elle s'épanouir en reniant une part d'elle-même ?

Discriminer les monstres, oui, mais pas les LGBTQI+

En parallèle, on retrouve Calliopé qui n'a encore jamais remis en cause son éducation et a toujours fait la fierté de ses parents. Toute sa vie, on lui répète que les vampires, zombies, sorcières et autres créatures sont des monstres qu'il faut éradiquer, alors forcément, elle a quelques a priori au sujet de Juliette lors de leur première rencontre. Qui pourrait la blâmer ? Entraînée depuis sa naissance et conditionnée à protéger l'humanité, elle n'a jamais pensé à remettre en question les enseignements qu'elle a reçus, ni même à considérer les "monstres" autrement. Peu à peu, elle voit ce qui se cache derrière les canines et apprend à l'accepter pour qui elle est, ce qui n'était pas gagné.

Leur relation est bien évidemment semée d’embûches. Leurs familles respectives entrent rapidement en conflit et font tout leur possible pour les séparer. Point rafraîchissant : l'homosexualité des protagoniste n'est au aucun cas un sujet de litige. Les parents de Calliopé n'ont que faire de l'attirance de leur fille pour sa nouvelle camarade, c'est bien le fait qu'elle se nourrisse de sang qui pose problème. Ouvertement lesbienne, son entourage la questionne gentiment sur un potentiel crush, et elle-même fait des allusions à de précédentes histoires, l'air de rien, au détour de la conversation. De leur côté, Juliette et Ben forment un duo homo très convaincant. Exit l'opposition entre le sportif et le jeune gay esseulé. Ben est à la fois ouvertement gay et un athlète émérite, jouissant d'une grande popularité, le tout sans tomber dans un cliché viriliste normatif.

Un couple lesbien prêt à tout

Pour autant, la série ne se contente pas de brandir un drapeau "être gay c'est ok". Chacun a ainsi son lot de problèmes. Ben, par exemple, a beau n'avoir a priori aucun souci pour se trouver un copain, il s'est entiché du beau gosse investi dans une relation hétéro classique, et qui n'assume si sa sexualité ni ses sentiments. Calliopé, quant à elle, a visiblement une histoire compliquée – bien que très peu creusée – avec son ex-copine, également ex-meilleure amie, qui s'est empressée de dénoncer Cal, dont elle a percé à jour les sentiments pour Juliette, à l'instance dirigeante des chasseurs de monstres.

Le couple principal de la série tient ses promesses sur plus d'un point, notamment sur les scènes d'alchimie montrant bien que leur relation n'est pas juste une romance tragique et cucul. Leur premier baiser a su faire monter la température dès le premier épisode (on ne spoile rien, c'est littéralement le titre de l'épisode). Au fur et à mesure, elles s'ouvrent l'une à l'autre. Elles ne communiquent pas forcément de la même manière, n'ont pas toujours des caractères compatibles, mais il y a un effort d'authenticité quant à la manière de montrer la complexité des relations adolescentes.

La série aurait toutefois mérité quelques éclaircissements, notamment sur le passé des personnages, qui aurait permis de mieux cerner leurs personnalités. Certains éléments arrivent comme un cheveu sur la soupe, comme lorsqu'on apprend que Calliopé était attirée par Juliette depuis un long moment. Bien loin de ce que laissaient présager les premières scènes, dans lesquelles elle se montre assez distante et n'a pas l'air de lui accorder plus d'importance que ça. Quant à l'argument "tu es la première à m'avoir souri", il ne suffit pas à justifier le fait d'être prête à se lancer dans une relation interdite qui pourrait bouleverser sa vie et ses projets. Car finalement, on peine à mettre le doigt sur le sentiment qui les lie. Se plaire c'est une chose, mais elles se mettent très vite à se comporter comme si rien ne comptait d'autre que l'être aimé. Alors, oui, les lesbiennes ont la réputation d'emménager au bout du premier date, mais de là à s'enfuir main dans la main avec un vampire qu'on connaît depuis cinq minutes ? À l'époque de Shakespeare aussi, la fougue adolescente pouvait conduire à l'ultime sacrifice après quelques badinages, mais pour leur défense, ils n'avaient pas Tinder.

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Crédit photo : Netflix