Adversaire notamment du mariage pour tous, Christophe Béchu a reçu le poste important de l'Écologie dans le remaniement annoncé ce 4 juillet, et ce alors qu'Élisabeth Borne avait promis un gouvernement "allié" des personnes LGBTQI+.
"Je veux dire à toutes les personnes LGBT+ qu’elles trouveront en moi et mon Gouvernement un allié pour défendre leurs droits et lutter contre toutes les discriminations." La promesse date du 17 mai, et elle a été faite sur Twitter par Élisabeth Borne, au lendemain de sa nomination comme Première ministre. Aussi, moins de deux mois plus tard, notre surprise est-elle immense de voir apparaître, ce lundi 4 juillet dans la liste de sa nouvelle équipe post-législatives, la nomination au portefeuille de l'Écologie de Christophe Béchu, qu'on connaît plus en tant que soutien de La Manif pour tous que de la biodiversité…
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Déjà nommé dans le premier gouvernement Borne au poste de ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, Christophe Béchu a donc été promu à la faveur de ce remaniement (qui le fait remplacer Amélie de Montchalin battue aux législatives), montant au onzième rang de l'ordre protocolaire. Maire d'Angers depuis 2014 mais aussi secrétaire général d'Horizons, le parti créé par Édouard Philippe, l'élu de droite a à son actif plusieurs combats politiques contre la cause LGBTQI+.
Dernier fait d'armes en date, Christophe Béchu s'est distingué en 2016 en demandant le retrait dans sa ville d'affiches de prévention contre le VIH pour ce motif : "Les affiches parlant d'un coup d'un soir (...) participent, notamment pour les enfants (...) à une forme de trouble à l'ordre public". Les visuels en question montraient simplement deux hommes s'enlaçant, avec plusieurs slogans parmi lesquels "s'aimer, s'éclater, s'oublier, les situations varient, les modes de protection aussi". Auprès de têtu·, son équipe faisait alors valoir des arguments que ne renieraient pas Viktor Orbán ou Donald Trump : "Des parents ont été choqués qu'on puisse valoriser une sexualité débridée".
Christophe Béchu contre le mariage pour tous
Quelques années auparavant, Christophe Béchu, alors sénateur UMP, s'était déjà distingué dans le combat contre le mariage pour tous. Jusqu'à signer, en 2013 avec son très conservateur collègue Bruno Retailleau, une tribune dans le journal de l'extrême droite Valeurs actuelles accusant le mariage pour tous de "fragiliser le socle de notre pacte collectif" en raison du "brouillage des repères originels"… Christophe Béchu avait complété cet argumentaire au Sénat, citant un magistrat (Jean-Pierre Rosenczveig) qui comparaît homosexualité et inceste : "Comment, demain, refusera-t-on à un frère et une sœur qui s'aiment la possibilité de se marier, quand on aura déjà fait tomber le tabou du mariage homosexuel ?". Évidemment, le sénateur a voté contre la loi Taubira.
Une opposition à l'égalité qui s'est ensuite retrouvée dans son équipe municipale. En 2016, Ouest France a ainsi recensé cinq élus du conseil municipal d'Angers – dont deux appartenant à Sens commun, l'émanation politique de la Manif pour tous – qui affirmaient leur refus de célébrer des mariages de couples de même sexe, alors que la "clause de conscience" un temps évoquée par François Hollande ne figure pas dans la loi Taubira.
Plus récemment, le passé anti droits-LGBT+ de Chirstophe Béchu s'est rappelé à ses souvenirs quand un de ses adjoints s'est rendu à une manifestation contre la PMA pour toutes ceint de l'écharpe tricolore représentant le maire. Christophe Béchu, qui ne s'est pas ouvertement opposé à la loi bioéthique défendue par Édouard Philippe, dont il est un proche, s'est alors fendu d'un courrier adressé à son opposante socialiste, Silvia Camara-Tombini, et cité par Ouest France, plaidant la maladresse de son adjoint. Hâte de voir ce qu'il aura à dire si d'aventure son nouvel "adjoint", le nouveau ministre des Transports placé sous sa tutelle, s'avise de se marier : il s'agit de Clément Beaune, ouvertement gay.
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Crédit photo : Arthur Nicholas Orchard / Hans Lucas via AFP
