télévision"Drag Race France", épisode 5 : "en fait, Drag Race, c'est un peu notre Ligue 1"

Par Florian Ques le 22/07/2022
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Cette semaine, les queens encore en lice ont dû s'improviser popstars à travers un Maxi Challenge de taille et un défilé final consacré à la grande Mylène Farmer. Un épisode mouvementé, symbolique et étonnant que nous avons regardé bien entourés.

Casser la routine, parfois, ça fait du bien. Plutôt que de regarder le dernier volet de Drag Race France affalé sur mon canapé avec des Lay's à portée de main – le "summer body", c'est surfait –, je me suis rendu Chez Mylène, un bar situé en bordure de Seine, à quelques pas de la place de la Bastille. Un repaire particulièrement gay, dans le sens où la clientèle (et une certaine partie des serveurs à en juger par mon gaydar a priori fonctionnel) est à 85% composée d'hommes qui aiment les hommes. C'est là-bas qu'était organisée, sur la terrasse en contrebas, une projection en plein air du cinquième épisode. En présence des queens Kam Hugh et Paloma, s'il vous plaît.

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Entre connaisseurs (ou presque)

Arrivés aux alentours de 19 heures avec mon ami Thomas, on s'est d'abord sifflé deux pintes de bière avant que les festivités ne commencent. À titre indicatif, le prix des 50cL de blonde est à 9 euros, ce qui est plutôt homophobe selon moi mais là n'est pas la question. Peu de temps après notre installation à une table pas du tout bien située – on nous apprend qu'il aurait fallu appeler pour réserver, oups –, Kam Hugh et Paloma débarquent, perchées sur leurs talons démesurés.

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Crédit photo : France.tv Slash

Après un temps de battement, Kam s'empare du micro pour faire une brève introduction, non sans glisser une petite pique à son injuste élimination la semaine précédente. L'épisode se lance. Parce qu'une table surélevée et une plante assez haute bloquent mon champ de vision, je suis contraint de me mettre debout, à quelques mètres du téléviseur qui diffuse Drag Race France. Les fans sont silencieux, les yeux rivés sur l'écran, tandis que les non-aficionados continuent de profiter de leur afterwork en toute décontraction.

Le chapitre de cette semaine démarre avec le Mini Challenge : un défi make-up, orchestré par le youtubeur queer Anthonin. Quoi qu'on pense du personnage, il est tout de même appréciable de voir que Drag Race France ne boude pas les influenceurs venus des réseaux dans sa volonté de valoriser la communauté LGBTQI+. Jusqu'ici, le choix des guests est plutôt bien mené, dans le sens où l'émission tente d'appâter plusieurs générations à travers ses invité·es. Bon, le défi s'avère plutôt décevant, mais il passe heureusement vite pour laisser place au Maxi Challenge de ce jour.

Mylène chez Mylène

Les six dernières candidates prétendantes au titre doivent se scinder en deux groupes et former leur girls band. On assiste alors aux sessions en studio pour enregistrer les voix, puis l'heure vient de performer une danse endiablée sur la scène de Drag Race France devant la chanteuse Shy'm et le chorégraphe Yanis Marshall. Du grand spectacle ! Et la clientèle du bar où je suis semble être du même avis si l'on prend en compte les différentes personnes qui dodelinent leur crâne tout en chantonnant le "dans ma tête, ça fait boom boom" entêtant du titre. Plutôt calme jusqu'alors, la foule présente autour de moi commence à s'animer... jusqu'à bien s'exciter lors du lip sync final.

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Crédit photo : France.tv Slash

Cette semaine, Mylène Farmer est mise à l'honneur sur le runway et je me dis alors que c'est plutôt bien tombé d'assiter à ce défilé dans un lieu nommé Chez Mylène. Vêtues de leur plus belle tenue hommage, Paloma et Elips, les queens les plus artsy de cette saison inaugurale, enflamment la scène. Près de moi, les cris d'encouragement fusent. Advient alors l'élimination d'Elips. Dans un premier temps, tout le bar applaudit la victoire de Paloma. Dans un élan de soulagement ou de joie, certains se lèvent même de leur chaise. Je pense alors que c'est quand même incroyable d'être entouré de ses semblables dans une telle atmosphère pour soutenir une forme d'art queer boudée par le grand public... désormais diffusée à la télé. Drag Race France est à nous ce que le foot est aux hétéros. Cet épisode, c'est un peu notre match de ligue 1, les cris de beaufs en moins.

En prime, ce volet hebdomadaire aura tout de même été plus engagé qu'un PSG-OM lambda : en se préparant pour le défilé dans la werk room, Lolita Banana s'est confiée auprès de ses sœurs quant à sa séropositivité. La drag queen mexicaine s'est alors donné pour mission de véhiculer un message important lors de son passage sur le runway : "U=U", une abréviation qui rappelle qu'être indétectable – ce qui est le cas des personnes séropos sous traitement – veut dire qu'on ne peut pas transmettre le VIH à ses partenaires. C'est ainsi un moment fort de l'épisode qui souligne à quel point le drag peut être une forme artistique très militante selon ce qu'on souhaite en faire.

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Crédit photo : France.tv Slash

Alors oui, en conclusion, j'aurai passé plus d'une heure debout, parfois sur la pointe des pieds pour bien apercevoir l'écran télé – la vie n'est pas toujours facile quand on mesure 1m68. Mais assister à une projection de Drag Race France dans de telles conditions, d'autant plus en présence de participantes à l'émission, c'est tout de même quelque chose à vivre, ne serait-ce que pour l'expérience. La prochaine fois, je penserai juste à réserver une meilleure table...

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Crédit photo : France.tv Slash