[Interview à lire dans le têtu· de l'automne] Après cinq ans d’absence, celui qu’on surnomme la Tortue brise définitivement sa carapace dans un nouvel album, Panorama. Christophe Willem en profite pour revenir sur l'éternelle question de son orientation sexuelle : "On cherchait absolument à m’obliger à dire que j’étais gay"…
Rien ne sert de courir… Christophe Willem, alias la Tortue depuis son apparition dans la saison 4 de Nouvelle Star, aura mis du temps avant de revenir avec quinze morceaux inédits, et pour cause. Après le flop commercial de son précédent disque, Rio, en 2017, le chanteur de 39 ans avait décidé de faire profil bas, de s’accorder un temps d’introspection. Le premier confinement est alors tombé à point nommé. “Ça a permis un reboot total. Je me suis retrouvé chez mes parents, où j’ai vraiment pu me reconnecter à ma passion, la musique, en mettant de côté l’aspect professionnel, qui avait pris trop de place.” De ce break salvateur est né Panorama, un album entre pop et variété française. Comme un goût de nouveau départ.
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Ce sixième album, Panorama, est très personnel. Pourtant, tu n’en as pas écrit les paroles…
Christophe Willem : J’avais commencé à le faire, puis je me suis rendu compte que j’avais tendance à lisser mes idées pour les rendre esthétiquement jolies, ce qui atténuait ce que je voulais dire. J’ai donc rapidement décidé de m’entourer d’une équipe de collaborateurs – dont Slimane pour “PS : Je t’aime” – en me donnant comme objectif de passer beaucoup de temps avec eux afin qu’ils puissent bien me comprendre.
Ce n’était pas dérangeant de confier ton histoire à d’autres personnes ?
Au contraire, j’ai kiffé ! C’était amusant ! Et puis je n’ai pas hésité à pousser mes auteurs à aller très loin, à tel point qu’ils ont été hyper surpris de pouvoir être aussi cash. Après avoir écouté l’album, mes proches n’arrivaient pas à croire que je n’étais pas l’auteur des textes. J’en déduis que le résultat est plutôt concluant !
Ton titre “Fantômes” parle des traumatismes qu’on doit gérer pour aller de l’avant. Toi, à quoi ressemblent tes fantômes ?
Mes fantômes, ce sont tous ces moments où je me suis senti seul, rejeté, montré du doigt. J’ai passé mon adolescence à être persécuté parce que j’étais efféminé. C’est compliqué quand on te colle une étiquette de “pédé” alors que tu n’as même pas encore de sexualité. Puis il y a eu Nouvelle Star. Quand j’ai gagné l’émission, tout ce qui faisait qu’on m’avait persécuté devenait une source d’adoration. Je ne comprenais pas. Ayant été porté par le succès pendant plusieurs années, je pensais avoir réglé mes problèmes d’amour-propre. Mais l’échec de Rio a ravivé toutes ces blessures.
Une partie de la presse et du public s’est beaucoup focalisée sur ta sexualité, voulant absolument te faire rentrer dans une case…
C’était hallucinant. Pendant très longtemps, j’ai souffert qu’on me mette une étiquette. On cherchait absolument à m’obliger à dire que j’étais gay, ce que je ne voulais pas faire puisque ce n’était pas complet. Je suis bi. Pour moi, c’est une question de rencontre, de personne.
Quand tu vois certains jeunes, aujourd’hui, qui refusent de se laisser enfermer dans des cases, t’es pas un peu soulagé ?
J’ai presque l’impression que, pour eux, et notamment sur TikTok, la sexualité n’a plus d’importance. Et je trouve ça génial. Le jour où toute la société ne se souciera plus de l’intimité de quelqu’un, alors on aura vraiment gagné.
La Tortue de 2006 est-elle toujours là ?
Peut-être que la naïveté de la Tortue de Nouvelle Star n’est plus là. Mais, quand je me suis reconnecté à la musique, j’ai beaucoup renoué avec le moi de cette époque. Je me sens plus libre, comme à mes débuts.
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