monde"Joyland" : le film queer qui représentera le Pakistan aux Oscars censuré dans son pays

Par Florian Ques le 15/11/2022
"Joyland" : le film queer qui représentera le Pakistan aux Oscars... censuré dans son pays

Distingué par la Queer Palm au dernier Festival de Cannes, le film Joyland s'intéresse à une danseuse trans et sa relation avec un jeune homme de classe moyenne.

Mise à jour 17 novembre – Finalement, Joyland a été autorisé à être diffusé dans son pays, l'autorité de la censure ayant annulé son interdiction.

Triste nouvelle pour Joyland. Ce film queer pakistanais vient d'être censuré par les autorités de son pays d'origine, où il ne bénéficiera donc pas d'une sortie en salles. Un retournement de situation étonnant, puisque les instances décisionnaires lui avaient dans un premier temps donné leur feu vert. Pour justifier ce revirement, le ministère de l'Information et de la diffusion a partagé un communiqué expliquant avoir reçu des plaintes quant au "contenu hautement répréhensible" du film qui "n'est pas conforme aux valeurs sociales et aux standards moraux de notre société". En clair, la vraie cause de cette censure, c'est la transphobie.

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Réalisé par Saim Sadiq, Joyland braque sa caméra sur Haider, un jeune trentenaire incarné par Ali Junejo, petit dernier d'une famille de classe moyenne, marié à une femme dans un couple sans histoire. Son quotidien est chamboulé par l'irruption dans sa vie de Biba, une danseuse transgenre jouée par Alina Khan. Attendu en France le 28 décembre, le long-métrage a remporté le Prix du Jury ainsi que la Queer Palm lors de l'édition 2022 du Festival de Cannes. Il a aussi été acclamé dans divers autres festivals internationaux, de Toronto jusqu'à Melbourne.

Joyland fait l'unanimité

Aux dernières nouvelles, Joyland est d'ailleurs toujours sélectionné aux Oscars – dont la 95e cérémonie se tiendra le 12 mars 2023 – pour représenter le Pakistan dans la section "Meilleur film international". L'annonce de cette censure pourrait bien mettre en péril sa participation, mais rien n'a encore été décidé.

Sur Twitter, l'actrice Sarwat Gilani, qui joue dans le film, s'insurge de cette censure du Pakistan : "C'est honteux qu'un film pakistanais fait par 200 Pakistanais·es sur une période de six ans et qui a reçu des standing ovations de Toronto jusqu'au Caire en passant par Cannes se retrouve autant entravé dans son propre pays. N'enlevez pas ce moment de fierté et de joie à notre peuple !" Et d'appeler ses compatriotes à forcer la sortie du film au cinéma.

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Crédit photo : Condor Distribution