Passée inaperçue lors de sa diffusion de 2014 à 2016, la série Faking It est désormais disponible sur Paramount+. L'occasion de voir ou de revoir cette série LGBTQI+ étonnamment progressiste au vu de son pitch initial…
Au début, ça partait mal. Quand MTV décide de diffuser Faking It – "faire semblant" – au printemps 2014, son pitch n'inspire guère confiance : Amy et Karma, deux lycéennes d'un établissement ultra-progressiste du Texas, prétendent être en couple afin de devenir les reines du bal de promo. Les deux amies se retrouvent alors à entretenir une relation lesbienne fictives dans le but de s'attirer les faveurs de leurs camarades. Car dans cette réalité alternative, être queer, c'est être au sommet de la chaîne du cool. Un point de départ plutôt bancal... Et pourtant, Faking It se révèle une petite pépite.
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Trois saisons drôles et subtilement menées
Dorénavant disponible sur Paramount+, plateforme de streaming fraîchement débarquée en France, Faking It mérite d'être redécouverte. Diffusée de 2014 à 2016 sur MTV, qui n'est d'ailleurs jamais parvenue s'imposer dans le secteur prisé des productions originales scriptées, la série est passée à côté de son public et a été annulée après seulement trois saisons… et une fin ouverte des plus cruelles ! Vous voilà prévenus !
Si son côté décalé aux frontières de l'utopie, ses intrigues assurément queers et ses personnages colorés valent le détour, c'est aussi parce que Faking It n'est pas juste l'histoire de deux fausses lesbiennes en manque d'attention. On comprend d'ailleurs très vite qu'Amy, la blonde du binôme central, n'est pas si hétéro que ça et qu'elle en pince fort pour sa meilleure amie de toujours... qui, elle, ne rêve que d'une chose : se lover dans les bras musclés de Liam Booker, le beau gosse de service. La série prend le temps de développer les balbutiements lesbiens d'Amy, qui découvre pas à pas les codes de sa communauté tout en explorant sa sexualité. Drôle et divertissante, la série réussit également le pari de traiter avec justesse ces sujets délicats.
Une série d'ados en avance sur son temps
Faking It a aussi osé ce que beaucoup craignaient encore de faire en 2014 : inclure un large panel d'identités LGBTQI+. Ainsi, la série pilotée par Carter Covington (10 Things I Hate About You) accueille en cours de route Wade, un lycéen ouvertement bisexuel, ou encore Noah, un élève trans qui se rapproche de Shane, le garçon gay le plus populaire de l'école. Mais sa plus grande réussite est d'avoir fait de Lauren, la demi-sœur pimbêche d'Amy, un personnage intersexe. Bien avant Chair tendre, donc, Faking It abordait avec nuances et décontraction l'intersexuation, devenant par là même la première fiction télé à compter parmi ses personnages principaux un rôle intersexe. Ou comment être en avance sur son temps.
Petit détail, et non des moindres, la comédie estampillée MTV aura aussi innové en matière de représentations amicales : au-delà de son duo de meilleures amies, elle s'attarde aussi sur le lien fort qui unit Liam, le beau gosse hétéro, et Shane. Ils s'écoutent, se confient l'un à l'autre, se soutiennent. Sous-représentée sur grand et petit écran, l'amitié masculine homo/hétéro est, ici, clairement célébrée. Un régal.
Au bout du compte, la puissance de Faking It réside dans sa création d'un eldorado, une sorte de bulle hors du temps et du réel où les inégalités, en partie inversées, n'effacent toutefois pas les discriminations. Un équilibre périlleux tenu tout au long des trois saisons. Bien qu'elle ne brille pas par une réalisation ou une photographie léchées, la série se rattrape avec sa queerness assumée à 200% et une bienveillance qui continue de viser juste, et ce même six ans après son retrait de l'antenne. En clair : foncez !
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Crédit photo : MTV
