Plaisir coupable de toute une génération, Pretty Little Liars se paie un lifting avec une nouvelle bande de menteuses aux prises avec un énigmatique maître-chanteur. Un reboot plus horrifique, qui met dans le mille.
On ne compte plus les ados s'étant pris d'affection durant les années 2010 pour les péripéties à la fois addictives et outrancière d'Aria, Spencer, Hanna et Emily. Un peu comme Gossip Girl avant elle ou Beverly Hills encore plus tôt, la série Pretty Little Liars s'est imposée comme l'emblème d'une génération nourrie de mystères alambiqués, d'amours contrariées et de jeunes stars aux physiques avantageux. Logique, donc, qu'un reboot voie le jour. Mais cette nouvelle version, disponible en France dès ce 1er décembre sur Amazon Prime Video, est-elle à la hauteur ?
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Affublée du titre à rallonge Pretty Little Liars : Original Sin, cette mouture 2022 dépeint la vie de cinq nouvelles lycéennes : Imogen, une ado enceinte secouée par le suicide présumé de sa mère ; Tabby, une fana d'horreur et cinéaste en herbe ; Faran, une ballerine confrontée au racisme du milieu de la danse ; Mouse, une pro du HTML et autres ressources web ; et enfin Noa, une jeune athlète tout juste sortie d'une prison pour mineurs. D'abord isolées, ces filles sont contraintes de se serrer les coudes lorsqu'elles se retrouvent harcelées par un corbeau bien déterminé à leur faire payer... les erreurs de jeunesse de leurs mères. D'où l'idée de "original sin", soit "péché originel".
Un "slasher" dans les règles de l'art
Celles et ceux qui ont vu Riverdale ne seront pas surpris d'apprendre que ce néo-Pretty Little Liars est piloté par la même personne, à savoir Roberto Aguirre-Sacasa. En témoignent la direction artistique et la photographie de la série, marquée par des décors plutôt intemporels et une esthétique à la fois moderne et rétro. À l'image de la saison 2 de Riverdale, qui tournait autour d'un mystérieux tueur en série, Pretty Little Liars : Original Sin s'apparente également à un slasher – film avec un tueur psychopathe –, mais plus traditionnel.
Et c'est bien ce qui fait la force de ce reboot ! Là où la série mère avait fait des émois amoureux de son quatuor de midinettes une priorité, Original Sin préfère miser sur la dimension horrifique et un sentiment d'angoisse qui va crescendo. Impossible de ne pas penser à la version télévisée de Scream, notamment en termes d'atmosphère et de suspense. On se trouve donc face à un slasher de bonne facture qui devrait ravir les amateurs du genre – même si les meurtres, assez réussis, ne sont pas nombreux.
Une chose est sûre : les références aux grandes œuvres du cinéma d'épouvante sont là. D'abord dans la bouche du personnage de Tabby, l'incollable sur le sujet, qui réussit l'exploit de citer Midsommar, Get Out ou encore Poltergeist en l'espace d'une poignée d'épisodes. Puis dans de petits détails glissés ici et là avec parcimonie. En guise d'exemple, la mère d'une des protagonistes travaille en tant qu'avocate dans un cabinet appelé "Strode, Prescott, Ripley Associates", soit un clin d'œil à peine dissimulé à trois héroïnes de l'horreur : Laurie Strode de Halloween, Sidney Prescott de Scream et Ellen Ripley d'Alien. Enfin, la police d'écriture du titre de la série est identique à celle de Halloween.
Et les queers dans tout ça ?
En 2010, Pretty Little Liars faisait du bien à la représentation LGBTQI+ en incluant un personnage principal lesbien, joué par Shay Mitchell – qui a d'ailleurs fait son coming out bi en octobre dernier. Au gré des sept saisons, elle aura cumulé un joli tableau de chasse, nouant des relations longues ou éphémères avec d'autres femmes. Mauvaise nouvelle : aucune des cinq héroïnes du reboot n'est queer – toutes sont hétéros et cisgenres. Mais ce n'est pas tout !
En effet, la discrète Mouse se rapproche au fil des épisodes d'un jeune homme, Ash, dont la transidentité est subtilement évoquée. Son interprète, Jordan Gonzalez, est d'ailleurs un acteur concerné. Mouse possède également deux mamans, mais ces personnages ne sont en revanche, et pour l'instant, pas assez développés. À surveiller de près...
Car Pretty Little Liars : Original Sin prépare déjà sa seconde salve d'épisodes, attendue pour 2023 sur HBO Max aux États-Unis et, on l'espère, dans la foulée sur Prime Video en France. À la différence de son aînée, la série a fait le choix de clore sa première saison en révélant l'identité du maître-chanteur. On restera donc sur le qui-vive quant à la suite. Espérons que le reboot évite de trop étirer ses intrigues, au risque de nous perdre en cours de route.
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Crédit photo : HBO Max