Afin de mieux casser les chaînes de transmission des infections sexuellement transmissibles (IST), la Haute autorité de santé (HAS) vient d’émettre des recommandations visant à faire évoluer le cadre réglementaire actuel.
"Cher plan cul…" On ne le dit pas assez, mais quand vous vous faites diagnostiquer une infection sexuellement transmissible (IST), pensez à prévenir vos derniers partenaires sexuels ! La notifications des IST au(x) partenaire(s) est en effet un outil de prévention essentiel pour leur permettre de se faire dépister, puis traiter au plus vite le cas échéant, et d'ainsi casser les chaînes de transmission. Aujourd'hui, c’est à la personne qui reçoit un test de dépistage positif (le patient index) qu’il incombe d’informer ses partenaires. Une tâche pas toujours évidente, même s’il existe des outils permettant de le faire de manière anonyme. Dans des recommandations parues le 9 mars, la Haute autorité de santé (HAS) recommande à ce sujet une évolution de la règlementation.
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La HAS rappelle que les professionnels de santé qui délivrent un diagnostic doivent encourager leur patient·e à notifier ses partenaires lorsqu’il s’agit d’IST "pouvant être soignées ou celles pour lesquelles un traitement peut limiter, voire annuler le risque de transmission, les complications graves liées à l’infection, ou encore son caractère chronique". Afin d'améliorer la prévention, elle recommande par ailleurs une évolution du cadre juridique visant à repenser le secret professionnel qui s’impose aux professionnels de santé afin de laisser davantage de choix aux patients sur les modalités de notification des partenaires. L’idée serait que le patient index puisse déléguer la charge de cette notification à un tiers – professionnel de santé, acteur associatif en santé sexuelle, médiateur en santé ou encore acteur de la médecine scolaire et universitaire. Ce dispositif, qui reposerait sur le consentement libre et éclairé du patient index, permettait de diversifier les modalités de notification des partenaires afin de rendre celle-ci plus systématique.
L'utilité du traitement accéléré des partenaires
Autre évolution recommandée par la HAS, l'autorisation du traitement accéléré des partenaires (TAP), comme cela existe déjà au Québec par exemple. Le TAP consiste à remettre au patient index une ordonnance destinée à un partenaire, sans consultation préalable de celui-ci, afin qu’il puisse être traité au plus tôt. La HAS précise que le recours au TAP devrait rester un outil de dernier recours lorsque le partenaire ne peut ou ne veut consulter rapidement. Au vu des difficultés à trouver un rendez-vous médical, autoriser le TAP pourrait s’avérer bien utile pour initier rapidement un traitement même si l’autorité de santé note différents points de vigilance, comme l’importance d’un examen clinique en cas de forme compliquée ou le risque de co-infection nécessitant un dépistage des autres IST. Elle relève aussi les limites du dispositif notamment lorsque le patient a plusieurs partenaires.
Quoiqu’il en soit, ces recommandations sont amenées à être précisées et évaluées avant une mise en application étendue : la HAS préconise ainsi "qu’une réflexion sur le sujet associe l’ensemble des professionnels de santé et des associations d’usagers, afin de s’assurer de leur adhésion à ces évolutions" et "encourage la mise en place de systèmes de surveillance et d’enquêtes ponctuelles pour les populations les plus exposées".
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