L'édition 2023 de Séries Mania vient de prendre fin à Lille. Nous y avons sélectionné cinq fictions queers qui se sont particulièrement démarquées sur les écrans du festival consacré aux séries télévisées internationales.
Installé à Lille depuis 2018, Le Festival Séries Mania s'est tenu cette année du 17 au 24 mars, transformant la Capitale des Flandres en avant-première gigantesque des meilleures séries internationales. Présent sur place, têtu· vous propose à présent de découvrir une sélection des œuvres queers qui nous ont tapé dans l'œil – parmi lesquelles notre coup de coeur ! –, en attendant de les découvrir sur les plateformes de streaming ou les chaînes de télévision (Arte, si tu nous lis…).
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Split
Avec Split, l'essayiste féministe Iris Brey – autrice de Sex and the Series (2018) et du Regard féminin (2020) – inaugure sa première fiction en tant que réalisatrice et co-scénariste. Elle porte à l'écran l'attirance irrépressible entre une actrice de cinéma (jouée par l'icône bisexuelle Jehnny Beth) et sa doublure cascade (campée par Alma Jodorowsky). Jusqu'alors heureuse dans un couple hétéro, cette dernière va être amenée, au gré des cinq épisodes qui composent cette première saison, à questionner son désir et son mode de vie. Peu bavarde, Split préfère montrer : les regards, les gestes, les sourires. Malgré les conflits intérieurs qui rongent son héroïne, la série fait le choix de dépeindre cette éducation à la fois sentimentale et sexuelle de façon réjouissante et positive, ce qui est assez inédit dans la fiction française.
À noter : le Prix de la meilleure musique originale a été attribué pour Split à Rebeka Warrior et Maud Geffray. Et rien que pour ça… Espérons que France.tv Slash ne tarde pas à la mettre en ligne cette année !
One of the Boys
En quatre épisodes d'une durée ne dépassant jamais les vingt minutes, la série danoise One of the Boys – En af drengene en VO – ausculte la construction de la masculinité contemporaine. Lau, un ado de nature plutôt introvertie, est contraint de passer un séjour dans un "camp pour hommes", soit l'équivalent d'une colo de vacances où les participants doivent devenir de "vrais mecs" à travers moult épreuves. Pour Lau, qui est gay, cette colo promet d'être un enfer, mais son rapprochement avec un autre camarade pourrait changer la donne… En dépit de quelques grosses ficelles, cette fiction s'avère efficace, notamment en raison des performances des jeunes acteurs, qui suscitent l'émotion.
Tengo que morir todas las noches
Dans l'Amérique latine des années 80, le jeune Guillermo pose ses valises à Mexico pour suivre des études journalistiques et, surtout, profiter de son homosexualité. Car si l'air du temps n'est pas propice à s'afficher dans la rue avec son petit ami, il existe des lieux où la communauté queer peut se retrouver et s'exprimer librement. Mais alors que l'épidémie du sida débute et que les forces de l'ordre se font de plus en plus réactionnaires, l'eldorado que Guillermo pensait trouver va vite se muer en terre de combat. À bien des égards, Tengo que morir todas las noches se présente comme la réponse mexicaine à Pose, avec certes moins de glamour, mais tout autant de fête, de drame et de queerness 100% assumée. Bientôt sur Paramount+, et c'est notre coup de cœur cette année à Lille !
Milky Way
Récompensé par la Palme d'Or du court-métrage en 2019 pour son film La Distance entre le ciel et nous, le cinéaste grec Vasilis Kekatos s'essaie à l'exercice de la série télévisée avec Milky Way, qui raconte la vie de Maria, une lycéenne dont le rêve de devenir danseuse est mis à mal par une grossesse inattendue. Face aux jugements de ses pairs, l'adolescente fait tout pour s'affirmer et trouver sa voie. Si le pitch n'est pas très queer sur le papier, c'est compter sans le personnage campé par Konstantinos Georgopoulos, un jeune étudiant gay qui se cherche autant qu'il se perd dans des plans cul dénichés sur Grindr. Et dont Maria va s'inspirer pour s'affranchir des pressions qui pèsent sur elle. Même si elle brasse des thèmes usés dans ce genre de séries d'ados, Milky Way se distingue par réalisation qui suscite une poésie inattendue et impressionnante.
El Universo Conspira
Coproduite par l'Argentine et l'Uruguay, c'est dans ce dernier pays que nous entraîne El Universo Conspira. Nous voici transportés à Montevideo, le jour de la Marche des Fiertés. Avec une atmosphère propice à la fête comme aux débordements, plusieurs destins se croisent dans les rues de la ville. Si les épisodes – huit au total – se focalisent tous sur un personnage différent, souvent queer, tous sont astucieusement imbriqués, avec des clins d'oeil au précédent. Même si la durée moyenne nous a semblé un peu courte pour s'attacher à tous les protagonistes, El Universo Conspira réussit le pari de pousser à la liberté, qu'elle soit identitaire, sexuelle, ou simplement relative à l'instant. Une démarche qui ne saurait nous laisser insensibles.
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