Abo

streamingSérie "Swarm" : une groupie queer meurtrière à découvrir sur Amazon Prime Video

Par Florian Ques le 21/03/2023
Dominique Fishback, à l'affiche de Swarm, une série d'Amazon Prime Vidéo horrifique et queer

Oscillant entre drame et horreur, Swarm, la nouvelle série Amazon de Donald Glover depuis Atlanta, s'interroge sur notre rapport aux popstars. Une satire des communautés de fans inspirée de la "beyhive" de Beyoncé.

Ajoutée le 17 mars dernier sur Prime Video, la plateforme de streaming d'Amazon, Swarm ne cesse de faire jaser sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter. À raison ! Cocréée par Donald Glover – à l'initiative de a série acclamée Atlanta – et Janine Nabers, la série narre la vie chaotique de Dre, une jeune femme repliée sur elle-même, interprétée par Dominique Fishback, qui vrille après le suicide de sa sœur, Marissa. Déboussolée, elle trouve du réconfort dans la musique de Ni'Jah, une popstar mondialement connue qu'elle considère comme une reine, ou plutôt sa reine. Car en voyant des commentaires négatifs sur son idole, Dre décide de se la jouer justicière extrémiste (et psychotique) en dézinguant toutes les mauvaises langues. Vite fait, bien fait.

À lire aussi : Bella Ramsey, icône fluide d'une génération rebelle (et inversement)

Swarm, une satire des "beyhive"

Si elle est en grande partie horrifique et cumule les scènes de meurtre, toujours originales, au fil des épisodes, Swarm ne manque pas d'humour, et se présente comme une satire efficace et léchée de la toxicité des fandoms (communautés de fans). Dre n'est d'ailleurs qu'une incarnation extrême de ces fidèles fanatisés, puisque sa logique est la suivante : si tu parles mal de mon idole, je mets fin à tes jours.

En plus de cet aspect terriblement fun, Swarm ne craint pas les comparaisons : Ni'Jah, l'idole de Dre, n'est ni plus ni moins que l'équivalent fictif de Beyoncé. Et alors que les fans de la diva sont surnommés la "beyhive" – autrement dit, "la ruche" –, ceux de Ni'Jah se font surnommer "l'essaim". Et les similitudes ne s'arrêtent pas là : Ni'Jah est en couple avec un rappeur à la Jay-Z, a une sœur qui produit aussi de la musique... Et comme si cela ne suffisait pas, même la fameuse scène de l'ascenseur est recréée dans la série, comme pour achever d'officialiser ce parallèle évident.

swarm,swarm série,série queer,série prime video,swarm prime video,swarm amazon,"Swarm" : 3 raisons de découvrir la série sensation de Prime Video,queer
Crédit photo : Amazon Prime Video

C'est d'ailleurs Chloe Bailey, la protégée de Beyoncé et moitié du duo Chloe x Halle, qui incarne Marissa, la soeur de Dre. À noter la présence de Paris Jackson, la fille de Michael Jackson, dans le rôle d'une strip-teaseuse, et de la chanteuse Billie Eilish, qui fait ses débuts devant la caméra en tant que "prêtresse" d'un culte réservé aux femmes. En clair, un casting de rêve pour les férus de pop culture.

Groupies/croyants, même combat ?

Sous son vernis satirique, Swarm se veut aussi une exploration du deuil. C'est d'ailleurs la mort de Marissa, le seul être qui compte aux yeux de Dre, qui va réveiller ses pulsions criminelles. C'est elle que Ni'Jah, qu'elle présente comme son "amie", va remplacer dans son cœur, lui permettant de trouver une nouvelle raison de vivre. Plutôt que de faire son deuil, Dre se replie sur son idole comme on trouverait refuge dans la religion. "Existe-t-il une si grande différence entre un croyant et un fan ?" semble demander la série.

swarm,swarm série,série queer,série prime video,swarm prime video,swarm amazon,"Swarm" : 3 raisons de découvrir la série sensation de Prime Video,queer
Crédit photo : Amazon Prime Video

On saluera également la photographie très soignée de la série – qui rappelle Euphoria et, évidemment, Atlanta –, mais surtout la performance dans le rôle-titre de Dominique Fishback. Déjà excellente en travailleuse du sexe des années 70 dans The Deuce, la comédienne américaine confirme ici l'étendue de son talent. Grâce à elle, Dre ne passe pas (seulement) pour une psychopathe décérébrée, mais parvient à susciter un sentiment complexe d'empathie et de fascination.

Aussi bien intéressée par les hommes que par les femmes, le personnage n'a, au fil des sept épisodes qui composent cette première saison, que peu de rapports intimes. Dans le dernier épisode, elle adopte une expression de genre masculine et se fait appeler Tony afin de tromper les autorités lancées à sa poursuite. Mais ce changement ne la perturbe pas outre mesure : Dre est à l'aise, qu'importe le genre qu'elle invoque. Queer. Définitivement queer.

À lire aussi : "Blue Jean", drame lesbien historique sur l'homophobie institutionnalisée

Crédit photo : Amazon Prime Video