Le Parlement russe a voté l'interdiction de toute possibilité de transition de genre. Ou la poursuite de l'idéal LGBTphobe de Vladimir Poutine sur fond de la guerre d'invasion qu'il mène en Ukraine.
Nouvel élan transphobe en Russie. Ce mercredi 14 juin, la Douma (le Parlement russe) a approuvé un texte de loi interdisant tout "changement de sexe" dans le pays. Dernier acte en date de la politique LGBTphobe assumée par Vladimir Poutine au nom de son projet de défense de la famille traditionnelle. Mais cette décision n'est pas non plus étrangère à la guerre menée en Ukraine.
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Dans un communiqué, la Douma déclare avoir approuvé la loi établissant l'interdiction "des interventions médicales visant au changement de sexe et de l’enregistrement à l’état civil des changements de sexe sans interventions médicales". Seule exception prévue par le texte, ce type d'intervention chirurgicale pourra être autorisée aux parents d'enfants présentant des "anomalies congénitales" dans la formation de leurs organes génitaux, c'est-à-dire que la loi autorise la mutilation des enfants intersexes. Des opérations qui, selon le texte voté, devront être validées au niveau gouvernemental.
La guerre en Ukraine nourrit la LGBTphobie d'État en Russie
"Nous préservons la Russie avec ses valeurs culturelles et nous créons une barrière pour empêcher la pénétration d'une idéologie occidentale anti-familiale", a déclaré Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma et co-auteur du projet de loi. Cette attaque ouverte contre les personnes trans et intersexes complète la nouvelle série d'offensives lancée en 2020 par le Kremlin contre les droits des personnes LGBTQI+ vivant en Russie.
L'approbation de cette loi est également liée à la guerre en Ukraine. Depuis le début de l'invasion lancée par Vladimir Poutine en février 2022, la Russie a lancé plusieurs campagnes de mobilisation civile. Lorsque le projet de loi transphobe a été déposé en mai dernier, le ministère russe de l'Intérieur a argué que les demandes de réassignation de genre avaient doublé depuis le début de la guerre, attribuant cette hausse au refus de certains Russes d'être mobilisés. "Il existe en Russie une industrie développée de changement de sexe incluant des médecins malhonnêtes, des psychologues, un réseau d’organisations et d’activistes LGBT", assurent les députés soutenant le texte.
Dans la foulée de son offensive anti-occidentale, le Kremlin a accéléré son agenda anti-LGBT en renforçant sa politique ultra-conservatrice. Un projet déjà assumé depuis 2013, année durant laquelle le pays a adopté une loi visant à lutter contre "la propagande LGBT", texte qui a été renforcé en 2022. Sous couvert de "protéger la jeunesse", ce texte a déjà été utilisé plusieurs fois à l'encontre d'associations et de militants LGBTQI+. Dans cette guerre, les LGBTQI+ ont à perdre sur tous les fronts.
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Crédit photo : Gavriil Grigorov/Sputnik/AFP