États-UnisUn danseur noir de voguing tué après des insultes homophobes à New York

Par Nicolas Scheffer le 01/08/2023
O'Shae Sibley, mort poignardé à New York

O'Shae Sibley, danseur professionnel âgé de 28 ans, est mort poignardé ce week-end à New York après une altercation dans une station-service. Selon les témoins, il exécutait des pas de voguing sur une musique de Beyoncé quand un groupe d'hommes s'en est pris à lui.

"Ils ont... ils ont... ils ont tué O'Shae devant moi. J'étais couvert de son sang. Ils l'ont tué parce qu'il est gay, qu'il s'est levé pour défendre ses amis." Encore sous le choc quelques heures à peine après les faits, Otis témoigne du meurtre devant ses yeux de son meilleur ami, O'Shae Sibley, un danseur professionnel de 28 ans, survenu dans la nuit de ce samedi 29 juillet alors qu'ils faisaient le plein dans une station-service de Brooklyn, à New York. "O'Shae essayait de dire aux gens 'ouais, peut-être qu'on est gay et alors ?' et là, il s'est fait poignarder en plein cœur", poursuit le témoin au cours d'un live Facebook.

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Selon le récit des médias américains, dont le New York Times, O'Shae Sibley exécutait des pas de voguing sur une musique de Beyoncé quand un groupe d'homme a commencé à proférer à son encontre des insultes, en particulier homophobes. Les images de surveillance vidéo montrent une altercation avec un groupe d'hommes. "Il n'y a rien de mal à être gay", auraient lancé en chœur Otis et O'Shae Sibley, avant que le ton monte. "Ils répondaient 'nous sommes musulmans, ne faites pas ça devant nous'", poursuit un témoin de la scène auprès du New York Daily News cité par LGBTQ Nation. C'est alors que l'un des hommes poignarde O'Shae Sibley avant de s'enfuir. Le jeune homme sera déclaré mort aux urgences. Une unité de police spécialisée dans les crimes de haine a été chargée de l'enquête, et les enquêteurs estiment que l'arrestation de l'individu recherché, mineur, "n'est qu'une question de temps", rapporte CBS.

Hausse des violences LGBTphobes

"Ce crime ne fait aucun sens. Tout ce qu'il voulait, c'était danser", déplore la tante de la victime, Tondra Sibley, jointe par le New York Times. Elle indique que son neveu a quitté Philadelphie pour New York juste avant la pandémie pour faire carrière dans la danse. "J'ai rencontré O'Shae quand il avait 16 ans, se souvient Kemar Jewel, un chorégraphe de Philadelphie, dans le Los Angeles Blade. Il avait une lueur dans les yeux et c'était un jeune homme qui avait un talent de dingue que je n'avais jamais vu auparavant. Il pouvait changer, faire du hip-hop, du jazz, du ballet et il était génial au voguing. C'est comme cela que nous sommes devenus proches."

"Le coeur brisé et la rage au ventre", Brad Hoylman-Sigal, sénateur ouvertement gay de New York, a réagi sur Twitter : "La joie gay n'est pas un crime. Les agressions motivées par la haine le sont". Dans son dernier rapport, publié en juin, l'ONG américaine Glaad rapporte une hausse de la violence à l'égard des personnes LGBTQI+ aux États-Unis. Rien que dans les trois premières semaines de juin, 101 actes d'intimidation LGBTphobes ont été enregistrés, soit deux fois plus que l'année dernière sur la même période.

Le voisin de O’Shae Sibley, âgé de 51 ans, se souvient l'avoir averti du danger que représente le fait d'être aussi ouvert sur son orientation sexuelle, lui-même ayant fait l'objet d'une agression homophobe il y a trente ans. "O'Shae n'avait pas peur de qui il était et il voulait défendre ses amis", témoigne-t-il. Sous la direction de Kemar Jewel, il avait dansé sur une vidéo intitulée "Une lettre d'amour pour les hommes noirs et queers".

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