Le gouvernement de la Malaisie, pays musulman d'Asie du Sud-Est, a décidé que les porteurs ou vendeurs de montres aux couleurs du drapeau arc-en-ciel de la marque Swatch encourent désormais trois ans de prison ferme.
Rien n'arrête les homophobes, et certainement pas le ridicule. Si la guerre aux couleurs du drapeau LGBT+ est un classique des pays où sévit une homophobie d'État, la Malaisie, en Asie du Sud-Est, pousse la minutie jusqu'à interdire le port ou la vente de montres aux couleurs arc-en-ciel, comme en propose le fabricant suisse Swatch, désormais passibles de prison ferme, a décidé ce jeudi 10 août son gouvernement.
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Toute personne qui "fabrique, importe, produit (...) ou a en sa possession" ce type de produit risque désormais une peine allant jusqu'à trois ans de prison et 3.800 euros d'amende, a ainsi déclaré le ministère de l'Intérieur dans un communiqué. "Le gouvernement malaisien s'est engagé à empêcher la diffusion d'éléments qui portent atteinte ou pourraient porter atteinte à la morale", justifie le ministère, dans un pays à majorité musulmane où l'homosexualité est illégale et passible de poursuites et de châtiments corporels.
Les droits LGBT "jamais reconnus" en Malaisie
En mai, les boutiques Swatch situées dans onze centres commerciaux du pays, y compris dans la capitale Kuala Lumpur, avaient déjà été la cible de perquisitions par une unité de police. Sous le couvert de l'anonymat, un responsable du ministère de l'Intérieur avait affirmé à l'AFP que 172 montres d'une valeur de 12.700 euros avaient été saisies. Il avait justifié ces saisies en faisant valoir que les montres saisies arboraient les lettres "LGBT" et les six couleurs symboles de la communauté, au lieu des sept couleurs de l'arc-en-ciel. Le fabricant a engagé des poursuites contre la Malaisie, arguant que ces montres colorées, de sa collection Pride, sont "simplement une expression amusante et joyeuse de la paix et de l'amour" ("Love is Love").
Cette annonce intervient à l'aube d'élections partielles ce samedi, dans six États du pays, qui feront office de baromètre pour le gouvernement d'Anwar Ibrahim face à une puissante opposition de partis musulmans qui accusent le pouvoir en place de ne pas assez protéger les valeurs de l'islam. Pour endiguer leur montée en puissance, le Premier ministre élu fin 2022 avait assuré en début d'année que les droits LGBT+ ne seraient "jamais reconnus" par son gouvernement.
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Crédit photo : Swatch
