mondeL'extrême droite interrompt violemment un festival des Fiertés LGBT+ en Géorgie

Par têtu· avec AFP le 10/07/2023
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Prévu près de Tbilissi, capitale de la Géorgie, dans le cadre d'une semaine des Fiertés LGBT+, un festival a été annulé après que plusieurs milliers de manifestants d'extrême droite ont envahi les lieux, brûlant notamment le drapeau arc-en-ciel.

Prévu dans le cadre de la semaine des Fiertés LGBTQ, un festival de plein air prévu près de Tbilissi, capitale de la Géorgie dans le Caucase, a été annulé ce samedi 8 juillet après que plusieurs milliers de manifestants d'extrême droite ont envahi les lieux, ont annoncé les organisateurs et les autorités du pays. Sur des images diffusées par l'Agence France-Presse (AFP), on voit les manifestants brûler des drapeaux arc-en-ciel, alors que des affrontements éclatent avec la police. L'estrade a également été détruite mais "les lieux ont été évacués et personne n'a été blessé", a déclaré à la presse une organisatrice de la semaine des Fiertés, Mariam Kvaratskhelia, soulignant que la police n'avait pas empêché les assaillants de mener leurs exactions à bien.

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Dans un communiqué, les organisateurs de la semaine des Fiertés accusent le gouvernement de complicité avec les groupes violents anti-LGBTQ. Ils affirment que l'attaque a été "coordonnée au préalable et convenue avec le ministère de l'Intérieur". Ce dernier assure au contraire que les manifestants d'extrême droite sont "parvenus à contourner les cordons policiers et à atteindre les lieux de l'événement". "Nous avons réussi à évacuer les organisateurs", a souligné le vice-ministre de l'Intérieur Alexandre Darakhvelidze, et l'agence Interpress rapporte que plusieurs assaillants ont été arrêtés.

Les droits LGBT précaires en Géorgie

"La liberté d'expression et de rassemblement sont des droits fondamentaux et leur violation est inacceptable", a réagi la présidente géorgienne Salome Zourabichvili, une pro-occidentale critique du gouvernement de Tbilissi, déclarant que ce dernier devait faire en sorte que "le festival des Fiertés se déroule en sécurité". Les voix de l'opposition accusent le gouvernement de soutenir tacitement les groupes homophobes et nationalistes qui, traditionnellement, se rangent lors des élections du côté du parti au pouvoir, le Rêve géorgien, et organisent des manifestations contre les partis d'opposition pro-occidentaux.

La Géorgie a décriminalisé l'homosexualité en 2000, et adopté des lois anti-discrimination en 2006 et 2014. Mais l'homosexualité y reste très stigmatisée, et l'influente Église orthodoxe mène sur les sujets de société un combat idéologique avec les partis politiques pro-occidentaux. En 2013, des milliers de partisans ultra-conservateurs de l'Église orthodoxe avaient déjà perturbé un rassemblement à Tbilissi à l'occasion de la journée internationale contre l'homophobie. Les participants à cette journée avaient dû monter dans des autobus mis à leur disposition par la police pour échapper à la foule qui les poursuivait, lançant sur eux des pierres, brisant des vitres et menaçant de les tuer. En 2019 encore, des centaines de militants d'extrême droite avaient aussi brûlé des drapeaux arc-en-ciel à Tbilissi, protestant contre la projection d'un film nominé aux Oscars ayant pour sujet l'homosexualité. En 2021 enfin, la Pride de Tbilissi avait dû être annulée en raison des violences anti-LGBT+.

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Crédit photo : STRINGER / AFP