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magazineLivre : Panayotis Pascot, au nom du père

Par Thomas Vampouille le 08/09/2023
Panayotis Pascot par Jérôme Lobato

[Article à retrouver dans le magazine têtu· chez votre marchand de journaux ou en vous abonnant] En cette rentrée littéraire, l’humoriste Panayotis Pascot sort son premier livre, La prochaine fois que tu mordras la poussière, un récit autobiographique qui aborde notamment la mort annoncée du père.

Il dit écrire “homosexualité” pour la première fois, mais ce n’est pas tant de ça qu’il parle, Panayotis Pascot, dans ce premier livre, La prochaine fois que tu mordras la poussière (éd. Stock). Il en parle simplement parce que c’est là. Bien au-delà de cette délivrance du coming out, son écriture fait un travail d’honnêteté qui lui évite de tomber dans le tout-à-l’ego. Pour tout vous dire, en ouvrant le livre du jeune homme qui a percé dans Quotidien à seulement 17 ans, on s’attendait un peu à lire ça, les faits de gloire et mésaventures d’un jeune homme vu à la télé.

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Panayotis Pascot se livre

On est détrompé dès la première page. “Je crois qu’il va bientôt mourir”, commence l’auteur en parlant de son paternel, déjà évoqué dans son premier seul en scène, Presque, visible sur Netflix. Le livre en reprend les thèmes, ouvrant la recherche d’un lien au père dans une circonstance qu’on n’est pas censé vivre à un si jeune âge (l’auteur a 25 ans), à la fois bouleversante et étrange : la mort annoncée d’un parent, lente mais inéluctable. Que dire alors, que se dire, que lui dire avant la nuit ? A fortiori face à un homme si rompu à la pudeur qu’il suffisait, gamins, que les frères lui lancent “on t’aime, papa” pour qu’il déserte le salon familial et que les petits futés récupèrent la télé pour mater leurs dessins animés. Faut-il lui parler, et que veut-on entendre ?

“Je suis condamné par l’espoir. Celui d’une résolution, pour nous deux, la promesse que l’hiver glacial qu’est notre relation laissera place à un printemps, pas même un été.” Dans ce temps spécial qui pousse à l’introspection, l’auteur se met à table, et ne s’épargne pas, examinant à la loupe le début de sa vie d’adulte, ses tentatives acharnées de jeune mec à rester hétéro – “un des trucs qui me faisaient bander avec les filles quand j’étais ado, c’était m’imaginer les présenter à mes parents” –, ses premiers “je t’aime”, le Paris qui libère mais étouffe, sa santé mentale qui clignote. C’est exact et stylé.

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Crédit photo : Jérôme Lobato