Sans jamais nous connaître n'est pas encore sorti que sa bande-annonce retourne déjà notre petit coeur. Le prochain film d'Andrew Haigh met en scène une histoire d'amour gay mêlée aux souvenirs d'un passé douloureux.
Grandir queer, c'est parfois avoir le sentiment d'être le vilain petit canard, d'être un étranger dans sa propre famille. Tôt où tard, on le sait, viendra le moment de la confrontation, le moment de mettre des mots sur ce que l'on a toujours ressenti au fond de soi. Mais comment se construit-on lorsque l'opportunité de dire à nos parents qui l'on est nous est arrachée ? Sans jamais nous connaître, d'Andrew Haigh, à qui l'on doit la série Looking, se présente déjà comme un récit sensible et mystérieux où le rapport à la filiation, à la solitude et au deuil sont concomitants. Mais le film, qui emprunte aux codes du fantastique, est avant tout une histoire d'amour brûlante et fusionnelle. Entre souvenirs douloureux, enfance dérobée et promesse d'un amour naissant, c'est toute la vie d'Adam, joué par Andrew Scott, qui se retrouve bouleversée. Le public américain devra attendre le 22 décembre 2023 pour être bouleversé à son tour. La date de sortie dans les salles françaises n'a pas encore été communiquée.
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Lorsque l'on découvre Adam, affalé dans son canapé, on voit tout de suite que son quotidien n'a rien de très excitant. Mais tout change lorsqu'il tombe nez à nez avec son voisin, Harry, planté devant la porte de son appartement londonien avec son sourire charmeur. À l'image, l'intimité qui se crée entre Andrew Scott et Paul Mescal (aperçu dans la série Normal People) est palpable. Plans serrés, lumière enveloppante, l'oeuvre d'Andrew Haigh s'annonce pleine de poésie et d'intensité. Malgré la passion et la tendresse qui infuse désormais dans le quotidien des deux hommes, les yeux d'Adam sont emplis d'une tristesse qui l'attire irrémédiablement vers la ville de banlieue qui l'a vu naître. Seulement lorsqu'il arrive devant la maison de ses parents, morts lorsqu'il avait douze ans, il est accueilli par ces derniers – interprétés par Claire Foy et Jamie Bell –, qui n'ont pas pris une ride.
Un besoin de réponses
"Tu n'étais qu'un petit garçon, ce n'est plus le cas aujourd'hui", lui glisse sa mère en regardant l'homme qu'il est devenu. Adam s'est construit seul. Seul face à ses premiers doutes et la découverte de son homosexualité. Il n'a jamais vécu l'étape fatidique du coming out, n'a jamais pu expliquer le chamboulement qui le traversait. La vidéo laisse présager des discussions cathartiques à travers lesquelles le personnage pourra vider son sac et obtenir les réponses qu'il a tant désirées. L'occasion aussi pour lui de combler les manques de son enfance, mais aussi de soulager sa rancoeur. Peut-être qu'Adam avait-il seulement besoin d'entendre son père s'excuser pour ne jamais être entré dans sa chambre quand il l'entendait pleurer. Micmac surnaturel ou création de son esprit, impossible à dire, mais la bande-annonce nous met déjà la larme à l'oeil.
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Crédit photo : 20th Century Studios