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livrePourquoi je suis gay ? Réflexion sur la vaine recherche de l'origine de l'homosexualité

Par Vincent Daniel le 19/10/2023
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Dans son livre 4% en théorie…, le journaliste Mathias Chaillot part à la recherche des origines de l'homosexualité et balaie une somme d'études et théories dont nous, les gays, sommes l'objet.

Naît-on gay ou le devient-on ? Le journaliste Mathias Chaillot, 37 ans, tente de répondre à cette question dans son livre 4% en théorie…, aux éditions Goutte d'Or, publié ce vendredi 20 octobre. Si born this way est un "étendard brandi dans chaque manif", c'est parce que notre orientation sexuelle, beaucoup l'affirment ("j'ai toujours été comme ça"), serait innée, mais rien n'est moins sûr. Dans son ouvrage, ce collaborateur de têtu· part de la question "Pourquoi je suis gay ?" pour se mettre en "quête des origines de 'l'orientation sexuelle' des hommes qui aiment les hommes". Nourri par de nombreuses études et accompagné des témoignages de gays, ce livre permet de savoir où nous en sommes sur la délicate question de l'origine de l'homosexualité, une question qui peut aussi hérisser bien des concernés.

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Mathias Chaillot raconte dans son livre son coming out à ses parents : "Ma mère a vu un magazine têtu· et le ciel lui est tombé sur la tête". Et très vite, vient ce pourquoi, prononcé par les autres, la famille, l'entourage, puis par soi-même. "On a relevé des comportements homosexuels chez plus de 1.500 espèces", rappelle le journaliste, mais une seule se démarque par son homophobie : les humains. L'auteur souligne l'histoire universelle des homos, marquée par "la répression et l'intégralité, l'invisibilisation et les coups d'éclat, les violences et les acceptations, le sentiment d'exclusion et de communauté". En se demandant "allié ou ennemi ?", Mathias Chaillot convoque aussi Freud et fait le tour des théories psychanalytiques sur l'homosexualité, encore très prégnantes dans notre culture bien que démenties par de nombreuses études en sciences humaines.

La question du gène gay

Puis l'auteur part "à la recherche du gène gay" – le facteur environnemental (famille, milieu social, origine géographique...) est également exploré –, quête dont les conclusions peuvent s'avérer dangereuses : car considérer l'homosexualité comme génétique ouvre la voie à sa pathologisation et à une récupération de la part de bigots homophobes, tentés de réaliser des "tests d'homosexualité", voire de susciter un délire eugéniste...

"Jusqu'à preuve du contraire, les homos ne viennent ni des cigognes, ni d'Uranus." En clair, nous sommes finalement 100% naturels, et comme le soutiennent des travaux scientifiques, qui permettent en tout cas une meilleure acceptation de la part de la société : la nature même est queer. D'ailleurs plus on pense que l'homosexualité est le fruit de la nature, plus on l'accepte et se prononce en faveur des droits des homosexuels. Car "moins l'individu serait 'responsable' de son orientation, plus on le laisserait tranquille", comme le démontrent de nombreuses études.

L'auteur aborde aussi l'époque, pas si lointaine, où l'homosexualité était considérée comme une maladie mentale, et toutes les tentatives atroces pour la "désapprendre" : l'injection de testostérone, la castration, les électrochocs ou encore les "thérapies de conversion"... À travers toutes ces théories diverses, l'ouvrage a le mérite de rappeler une évidence : "L'homosexualité n'est ni une maladie, ni une perversion."

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