Projeté en avant-première dans le cadre du festival de cinéma LGBT+ Chéries-Chéris, Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers se présente comme un film pour ados classique, mais avec un propos plus profond qu'il n'y paraît.
En se rendant à la projection d'Aristote et Dante découvrent les secrets de l'univers, de la réalisatrice Aitch Alberto, on pensait tomber sur un nouveau Love, Simon – première comédie grand public centrée sur un adolescent gay, une histoire de coming out sans drame ni rupture avec la famille. Partagée durant l'été, la bande-annonce laissait même présager une bluette un peu naïve. Finalement, en plus d'être un film pour ados réussi, Aristote et Dante se révèle un drame gay percutant qui traite avec justesse des conflits internes autour de l'identité et des conséquences liées aux pressions sociales. Pas attendu avant le printemps 2024 en France – son distributeur n'a pas encore annoncé de date –, le film figurait dans la programmation de la 29e édition du festival parisien Chéries-Chéris, où il nous a provoqué un coup de cœur.
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Adapté du roman éponyme de Benjamin Alire Sáenz paru en 2012, Aristote et Dante raconte l'amitié entre deux adolescents résidant à El Paso, dans le sud du Texas à la frontière avec le Mexique. L'un, plutôt solitaire et issu d'une famille modeste, a grandi en souffrant de l'absence de son frère incarcéré. L'autre, dont les parents ont de l'argent, est bien plus extraverti et n'a jamais été privé de rien. Le temps d'un été, ils deviennent inséparables, jusqu'à la rentrée quand Dante est contraint de déménager. Pour garder contact malgré la distance, tous deux entretiennent des échanges épistolaires qui vont prendre au fil des mois une tournure bien différente...
Une bluette aux sujets dramatiques
Si le film fait écho à Love, Simon autant sur la forme, avec l'usage fréquent d'une voix off, que sur le fond, une histoire d'amour progressive, légère et romantique entre deux garçons, il prend rapidement un tour plus grave en s'emparant de sujets plus dramatiques.
Pour Aristote comme pour Dante, adolescents des années 1980, l'acceptation de leur sexualité n'est évidemment pas chose facile. Le film montre leurs interrogations, les mécanismes de répression qui les entourent, et explore le thème de l'homophobie intériorisée sans manquer de souligner ses liens avec une forme d'instinct de survie – notamment à cette époque peu propice à l'épanouissement d'un amour gay.
Dans son intrigue secondaire, Aristote et Dante dénonce aussi les crimes transphobes et aborde un autre aspect du personnage de Dante, qui se sent exclu au sein de son entourage majoritairement latino. On l'aura compris, ce long-métrage foisonnant, destiné à un public d'ados et de jeunes adultes, est une œuvre riche, malgré un dénouement un peu trop convenu.
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Crédits photos : L'Atelier Distribution