En pause des Scissor Sisters, le chanteur Jake Shears continue sa carrière solo, et a dévoilé au printemps un deuxième album pop électro, Last Man Dancing.
Arrivé sur la scène internationale il y a tout juste vingt ans à la tête du collectif queer new-yorkais Scissor Sisters, Jake Shears est aussi radieux que le ciel de Londres où nous le retrouvons à l’occasion de la sortie de son deuxième album solo, Last Man Dancing. Avec son groupe, il nous avait habitués à un mélange de pop débridée, à mi-chemin entre l’explosion psychédélique d’un jour de Pride et l’ambiance moite d’un after. C’est dire si on avait été surpris de le voir débarquer en 2018 avec un premier disque plus acoustique, voire country par moments. “C’était pour montrer ma valeur en tant qu’auteur-compositeur, analyse Jake Shears aujourd’hui. Mais je sais bien que pour mon public, c’était un détour assez inattendu.”
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Pour son nouvel album, c’est à La Nouvelle-Orléans, dans le sud des États-Unis, qu’il a trouvé l’inspiration, après s’y être installé à la suite d’une rupture amoureuse, et sans y connaître personne. Un nouveau départ, des rencontres variées et une pandémie mondiale plus tard, l’appel du dancefloor commence à le démanger. “Une fois par mois, j’organisais de grosses soirées chez moi, c’est comme ça que je testais les chansons de Last Man Dancing”, se remémore-t-il, précisant que Kylie Minogue, une amie proche depuis 2004 (ils ont même enregistré un album ensemble, jamais publié) est intimement liée à ce nouvel opus. “La première chanson que j’ai écrite pour ce projet, c’est « Voices ». À l’époque Kylie préparait Golden, et moi mon premier disque. Cette chanson est rapidement devenue un duo, mais elle ne collait à aucun de nos deux projets. Il fallait que je fasse un album au sein duquel « Voices » puisse fonctionner.” Le deuxième single du projet, “I Used to Be in Love”, avait été écrit au départ pour l’album Disco de l’Australienne.
Les projets de Jake Shears
Jake Shears avoue être un “boulimique de projets, parfois trop” : entre deux albums, il a même trouvé le temps de participer au télé-crochet britannique Masked Singer (il se cachait sous un costume de licorne, of course) et de créer avec son ami Elton John la comédie musicale Tammy Faye, jouée avec succès cet hiver à Londres. Et c’est sans parler d’un projet encore secret avec le chanteur de Years and Years, Olly Alexander. À 44 ans, Jake Shears a tout connu d’une industrie prompte à surexploiter les artistes pour mieux les éjecter dès la trentaine passée. Aujourd’hui, il regarde cette époque avec recul et apprécie son statut actuel. “Bien sûr, j’adorerais qu’un des singles devienne un tube, assume-t-il. Mais franchement, je ne suis plus soucieux d’avoir ou non du succès, mais juste hyper heureux de pouvoir partager le fruit de mon travail. Je pense que c’est un super album et j’en suis très fier.”
Disque ambitieux mais accessible, Last Man Dancing forme une synthèse entre une pop radiophonique et une odyssée électro, et s’apparente à un apéro chez des potes qui se terminerait au petit matin dans un club avec backroom. Une construction voulue par l’artiste, mais qui pourrait laisser certains auditeurs de côté : “Il y a des choses sur ce disque qui ne sont pas pour tout le monde. Ça devient assez intense vers la fin, et c’est voulu. J’ai pensé les choses pour ceux qui aiment écouter des albums en entier. Il n’y en a peut-être plus tant que ça !”
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Crédit photo : Damon Baker