interviewClément Beaune : "Le 8 juillet, il faudra être ouverts à une coopération entre démocrates"

Par Nicolas Scheffer le 14/06/2024
Clément Beaune, ancien ministre et député de Paris candidat à sa réélection

Ex-ministre d'Emmanuel Macron (à l'Europe puis aux Transports) et député sortant de Paris, Clément Beaune a annoncé sa candidature aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet. Issu de l'aile gauche de la macronie, il appelle à une recomposition entre les rangs modérés de l'Assemblée nationale.

Après la stupéfaction, place à la stratégie. Candidat à sa réélection comme député de Paris, Clément Beaune, ancien ministre d'Emmanuel Macron, propose que dès le lendemain des élections législatives soit définie une nouvelle alliance politique "entre députés modérés et responsables" dont il exclut d'emblée les parlementaires de La France insoumise (LFI). Ces "accords de gouvernement" sont, à son sens, les seuls capables de représenter un barrage contre l'arrivée de l'extrême droite au pouvoir.

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  • Comment avez-vous réagi à l'annonce de la dissolution ?

C'était une surprise, mais après les résultats de dimanche aux élections européennes, il y avait la nécessité d'une réponse politique forte et rapide. Il m'est immédiatement apparu qu'il était vital de repartir au combat et de me représenter. Je ne pouvais pas tout arrêter au milieu d'une telle situation. Mais je veux proposer une nouvelle façon de travailler à l'Assemblée nationale, en construisant des coalitions pour éviter la domination du Rassemblement national.

  • Regrettez-vous cette décision qui fait courir un risque réel que le prochain gouvernement soit issu d'une majorité d'extrême droite ?

Je regarde devant. Avec une extrême droite à 40% aux élections européennes, il fallait un sursaut. Je me suis engagé en politique en 2002 contre l'extrême droite, je vais continuer à mener ce combat et faire en sorte que ces nationalistes dangereux n'accèdent pas au pouvoir.

  • Vous avez annoncé une "candidature libre", d'ailleurs on ne voit pas dans votre communiqué le logo de votre parti, Renaissance. Appelez-vous à une bifurcation de la politique d'Emmanuel Macron ?

J'ai reçu le soutien de la majorité présidentielle, et je n'ai pas caché mon parcours. Cela fait sept ans que je suis engagé avec liberté. J'ai usé de cette liberté pour m'exprimer sur la gestation pour autrui (GPA), ou encore sur les débats concernant l'immigration. Je continuerai à porter cette voix progressiste, d'appeler la gauche qui rejette La France insoumise à construire quelque chose de nouveau avec nous.

  • Emmanuel Macron a appelé – une nouvelle fois – à une "révolution copernicienne" concernant la vie politique. Qu'est-ce qui peut changer ?

Le lendemain des élections, nous devrons travailler à des accords de gouvernement, comme dans d'autres pays européens. Si on veut écarter l'extrême droite du gouvernement, il faudra bien trouver une majorité alternative formée de la gauche, de la majorité sortante et des modérés de droite dégoûtés par la compromission d'Éric Ciotti avec le RN.

  • Pourquoi dans ce cas avoir dissout ?

Sans un électrochoc, nous n'aurions pas été capables de dépasser nos frontières. Tout le monde peut faire le constat que le résultat de l'extrême droite dimanche dernier est un choc, et cela nous oblige à travailler ensemble. Le 8 juillet, il faudra être ouverts à une coopération entre démocrates car l'union de la gauche n'a aucune chance d'être majoritaire seule, elle devra se trouver des alliés, recomposer et bosser ensemble, entre députés modérés et responsables.

  • Si le Nouveau Front populaire choisit comme figure de proue un social-démocrate, comme Laurent Berger ou Martine Aubry, pourriez-vous vous rallier ?

J'appelle de mes vœux que les sociaux-démocrates puissent travailler ensemble. Je l'ai même proposé à des élus socialistes, sans succès. Pour que cela soit possible, il faut exclure de cette union La France insoumise. Il ne peut pas y avoir de gouvernement commun avec LFI. La grande trahison, c'est celle faite à Raphaël Glucksmann et à ses électeurs, lui qui avait édicté un cordon sanitaire avec La France insoumise. Quand on entend les insultes permanentes de Mathilde Panot ou de Sophia Chikirou, on se rend compte que le problème n'est pas seulement Jean-Luc Mélenchon. Ce n'est pas lui qui a dit que le Hamas était un mouvement de résistance, c'est Danièle Obono. Les personnes qui ont pris leurs distances avec ces propos sont minoritaires au sein de LFI, c'est un fait.

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Crédit photo : Michele Tantussi / AFP

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