[Cet article est à retrouver dans le magazine têtu· de l'été, disponible en kiosques ou sur abonnement] Miss Farmer nous a prévu de quoi attendre son retour à Paris, en septembre, et le film de sa tournée Nevermore.
Vingt ans que Mylène Farmer n’avait pas publié un album de remix. Remix XL, allusion à la chanson “XXL”, rassemble des pointures de l’électro française et internationale. Et comme à son habitude, Farmer ne laisse rien au hasard : le site encyclopédique mylene.net, tenu par des fans, note que XL signifie “40” en chiffres romains, soit les 40 bougies d’une carrière commencée en 1984.
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Seule chanteuse française à le faire systématiquement, Mylène a l’habitude d’accompagner ses singles de remixes : des versions “extended” signées Laurent Boutonnat, Dave Audé, Offer Nissim ou Paul Oakenfold. Les fans collectionnaient ces maxis pour les exposer dans le salon à côté du deux-titres et de l’album en vinyle (provoquant de nombreuses bagarres de couple). Avec la digitalisation de la musique, seuls quelques irréductibles perpétuent cet hommage.
Surprise de la cheffe, au casting de ce troisième album de remix figure le réalisateur David Lynch, pape du cinéma onirique. Sur le fond, l’auteur de la série Twin Peaks et du film Mulholland Drive ne s’est pas foulé, se contentant de boucler tout le long du morceau les notes inquiétantes de l’intro de “Je te rends ton amour”. La voix surgit dans une nappe brumeuse qui donne à cette chanson de rupture un ton encore plus cérémonieux. On imagine que le clip, censuré à la télévision en 1999, dans lequel Farmer est une femme aveugle qui va recouvrer la vue après avoir été torturée par un curé-vampire dans une chapelle, a pu plaire à Lynch.
Les plus vieux tubes gardent leur structure originelle, à l’image des versions plutôt sages de “Libertine”, “Sans contrefaçon” (par The Magician, qui signait le remix de “I Follow Rivers” de Lykke Li, incontournable des Prides) ou “Pourvu qu’elles soient douces”, dont la chanteuse a réenregistré les voix. La plus réussie est “XXL” par Blue Stahli, DJ américain qui raconte sur sa page YouTube le “rêve devenu réalité” d’avoir remixé cette chanson d’Anamorphosée (1995), l’album du road trip américain de Farmer, qu’il a “passé de longues nuits à écouter en voiture”.
Le gros morceau “Désenchantée” bénéficie de deux versions. Arnaud Rebotini (que sept femmes ont accusé d’agressions sexuelles dans Mediapart juste avant la sortie de ce disque) en livre une assez austère. On lui préfère celle afro house de Feder, qui a confié auprès du média Jack avoir été honoré de remixer “l’un des plus grands titres de la pop française”. Mais on aurait rêvé pour cet hymne du gros boum boum comme sait le faire le Français Mico C – les derniers concerts de Farmer s’ouvraient avec son remix de “Du temps”, bâti pour soulever un stade…
Dans une industrie largement dominée par les hommes, deux grands moments de l’album sont signés par des femmes. Les musiciennes grecques de Marsheaux nous font redécouvrir “N’aie plus d’amertume”, ballade méconnue de l’album Bleu noir composée en 2010 par Moby. Leur version ajoute à la mélancolie du texte de Farmer une énergie de fin de soirée qui semble nous dire que le soleil est déjà levé… Quant à la Française S Diamah, elle signe avec son acolyte Fragrance une version de “Rayon vert” encore plus planante que l’originale. Allez Mylène, embauche plus de filles la prochaine fois !
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