[Rencontre à retrouver dans le magazine têtu· de l'été, disponible en kiosques, ou sur abonnement] En drag queen ou en amant de Karl Lagerfeld, Théodore Pellerin soigne son vestiaire de comédien.
Le look dandy lui va si bien, à Théodore Pellerin. Cheveux plaqués, chemises satinées, vestes cintrées… Toute la panoplie est là, moustache incluse. Pour les besoins de la mini-série Becoming Karl Lagerfeld, le comédien québécois a adopté ce style vestimentaire à la fois chic et intemporel. Dans cette production Disney+ qui retrace l’ascension du couturier allemand, il prête ses traits à Jacques de Bascher, amant du styliste, un bourgeois provincial monté à la conquête de la jet-set parisienne des années 1970. “Je ne pense pas que ce soit quelqu’un avec qui j’aurais été ami mais c’est le genre d’individu qui me fascine, théorise-t-il à propos de son personnage. C’est un esthète, un érudit qui n’existe qu’à travers le regard de l’autre. Chez lui, tout est choisi pour plaire, de la musique qu’il écoute aux habits qu’il porte.”
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Costards taillés sur mesure, mocassins cirés avec soin, foulards à motifs immaculés… Avec ces vêtements et accessoires, le Jacques de Théodore Pellerin prend vie, fier et nonchalant, avec une classe et une assurance qu’on jurerait innées. “Je ne savais pas comment me projeter dans ce personnage tellement à l’aise d’être au centre de l’attention, précise l’acteur. Les costumes m’ont vraiment été précieux, puisqu’ils viennent complètement affecter ta démarche, ton image de toi-même et comment les autres te perçoivent.” En témoigne son précédent long-métrage, Solo, de Sophie Dupuis, encore sans distributeur en France, où il incarne une drag queen prometteuse enferrée dans une relation toxique avec un nouveau collègue, joué par Félix Maritaud. À la ville, le jeune homme de 26 ans préfère néanmoins les fringues décontractées : “Plus je vieillis, plus je privilégie ce qui est confortable.”
Théodore Pellerin, acteur qui lit
Lorsqu’on lui fait remarquer qu’il est étonnamment crédible avec une perruque blonde et des talons XXL, Théodore Pellerin lâche un humble “oh, merci”. De sacrés efforts ont été mobilisés pour garantir une performance impeccable : épaulé par des artistes drag de la scène montréalaise qui ont su l’aiguiller, il a également suivi des cours avec un chorégraphe spécialiste de la scène ballroom et du voguing – qui lui a, entre autres, appris à se déhancher en étant perché sur des stilettos vertigineux. “Il y a eu tout un travail de corps qui s’est fait en amont, explique-t-il. Mais c’est vrai que quand tu arrives sur scène avec ton maquillage et ta robe, il y a un rapport à la scène, à soi et au personnage qui change radicalement. C’est exactement ce pour quoi je suis devenu acteur.”
Mais le costume ne suffit pas à rendre un rôle intéressant. L’écriture prime. Comme Jacques de Bascher, Théodore Pellerin aime les mots : “Je considère qu’un bon acteur est d’abord un bon lecteur. Si un scénario est bien écrit, il me happe dès la première lecture et je sais immédiatement que j’ai envie de le faire. Quand il s’agit d’une histoire queer, j’aime notamment que les personnages ne soient pas réduits à leur sexualité et qu’ils soient libérés d’une forme de marginalité, en un sens. Quand on ne les met pas face à la norme.” Comme son personnage dans Becoming Karl Lagerfeld, qui est avant tout un homme bourré d’audace et d’espoir, désireux d’être reconnu et adulé, avant qu'il ne soit rattrapé par ses excès.
>> Becoming Karl Lagerfeld, disponible en streaming sur Disney+.
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Crédit photo : Disney+