En partenariat avec Hinge, rencontre avec trois couples queers qui ont trouvé l’amour grâce à l’application de rencontres.
Photographie : Sarra Ryma
Stylisme : Juliette Alleaume
Prendre le temps d’apprendre à se connaître, établir des limites claires, prioriser l’honnêteté et la communication : le slow-dating fait de plus en plus d’adeptes, qui recherchent des relations basées sur l’intimité émotionnelle et la confiance. Cette approche du dating a été identifiée par Hinge, l’application de rencontres conçue pour être supprimée.
Connue pour ses profils détaillés, Hinge a créé une série de prompts (des phrases qu’il faut compléter ou des questions auxquelles il faut répondre pour donner des indications sur ses goûts, ses loisirs…) pour briser la glace et permettre aux personnes LGBTQIA+ de s’exprimer de manière authentique et de connecter sur la base d’expériences partagées. Nous sommes allés à la rencontre de trois couples LGBTQIA+ qui ont trouvé l’amour grâce à l’application. Le temps d’une journée, Jada et Linda, Cléo et Gabriel, Kylian et Julien ont raconté leur histoire en mots et en images, sous l’œil bienveillant de Sarra Ryma (@sarraryma), du collectif États de Corps (@etatsdecorps).
Jada (elle), étudiante en communication et DJ, & Linda (elle), cheffe cuisinière (@seasondat) – ensemble depuis cinq mois
"Nos relations précédentes nous ont beaucoup appris sur ce qu’on voulait et ce qu’on ne voulait pas"
- Comment avez-vous abordé la création de votre profil sur Hinge ? Quel esprit vouliez-vous lui donner avec vos photos et vos prompts ?
Jada : Je me rappelle que j'avais mis une photo avec mon chien pour montrer que j'adore les animaux. Je voulais aussi mettre en avant le fait que j'ai une super coupe afro et que je suis une personne qui aime la musique, parler, échanger… Je voulais qu’on puisse m’approcher facilement, c’est pour ça que je m’étais créé un profil sur cette application.
Linda : De mon côté, j'ai créé mon profil un peu à l'arrache et le lendemain matin, je me suis dit : "Bon, il faut que j'aille voir si j'ai pas fait n'importe quoi non plus !" Franchement, à ce moment-là, je n’avais pas une idée précise de ce que je voulais faire transparaître mais je me rappelle que j'avais bien pris le temps de remplir les prompts. Il y en avait notamment un qui était important pour moi, c'était les "non-négociables" : j'avais mis "être sensible au féminisme et à l'antiracisme", histoire de faire un premier tri !
- Comment avez-vous engagé le dialogue ?
Jada : On a commencé à bien parler, surtout grâce aux messages vocaux sur Hinge. Déjà, il y avait des points en commun qu'on pouvait un peu creuser. Sur son profil, j'avais vu qu'elle était cheffe. Et moi, sur mon profil, j'avais mis que je cherchais quelqu'un qui sait faire des gâteaux. Donc, ça ne pouvait que matcher ! Mon premier message, c’était : "Idée de date : tu cuisines, je déguste." Linda sortait d’une relation longue, alors on a bien pris le temps d'apprendre à se connaître et de se découvrir.
Linda : Pour moi, c'est important de ne pas hésiter dès le début à lancer de vrais sujets, à parler de choses personnelles. Se dire des banalités, ça va deux minutes ! Hinge, c'était une appli que j'avais déjà utilisée il y a quelques années et je trouvais que c'était la plus complète. Avec les prompts, il peut y avoir des bribes d'idées politiques ou de centres d’intérêt.
- Qu’est-ce qui vous a surpris lorsque vous avez rencontré votre partenaire pour la première fois ?
Jada : Sa façon de parler, je trouve qu'elle s'exprime très bien. Elle emploie des mots qu'on n'utilise pas tout le temps et je me dis : "Waouh c'est trop sexy, tu peux répéter ?"
Linda : Le truc qui m'a étonnée, c'est qu'elle est vraiment très dragueuse ! D’expérience, entre femmes, ce n'est généralement pas trop frontal. Je pense qu'on n'est pas trop conditionnées pour draguer. C’est la première fois que quelqu'un était comme ça avec moi au premier rendez-vous. C’était vraiment : "Je vais droit au but, on perd pas de temps."
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Cléo (elle), artiste (@cleolacroix) & Gabriel (lui), tatoueur (@aurevoir.gabriel) – ensemble depuis quatre mois
"On se serait rencontrés quoiqu’il arrive mais Hinge a accéléré les choses"
- Parlez-nous de votre premier rendez-vous...
Cléo : On a découvert que son shop de tatouage et mon atelier étaient à dix minutes à pied l'un de l'autre, du coup je lui ai proposé d'aller balader ma chienne parce qu'il y a des grands parcs autour. Il a failli ne pas venir car il pleuvait… Il y avait ce côté dystopique, pas du tout glamour, dans ce quartier avec des grandes tours. Mais une espèce de charme aussi, un peu comme si on était les derniers survivants de la fin du monde.
Gabriel : Ça faisait un an qu’on était tous les deux dans le même quartier, on aurait pu se croiser mille fois. Finalement, c’est grâce à l’appli qu’on a commencé à se parler.
- Quels sont les signaux qui vous attirent, ou au contraire qui vous bloquent, dans une rencontre ?
Gabriel : Une bonne communication, c’est super important. C’est aussi ce que j’apprécie chez Cléo, on a réussi dès le début à discuter super librement. Ce qui me refroidit, ce sont plutôt les personnes qui ne respectent pas le temps, l’espace et les limites de l’autre.
Cléo : Pour moi, aimer les animaux, c’est un méga green flag ! C’est drôle car Gabriel avait un peu peur des gros chiens, il n’était pas très à l’aise. Mais ma chienne l’a adopté, et la confiance entre nous s’est aussi développée comme ça.
- Revenons au début : qu'est-ce qui vous a poussé à créer un profil sur Hinge ?
Gabriel : J’ai vécu pas mal de transphobie sur les autres applis. On m’a parlé de Hinge et j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup plus de personnes queers. J’ai pu interagir avec ma communauté et me sentir plus en sécurité. Je me rappelle avoir voulu prendre le temps de bien compléter mon profil pour mettre en avant ma transidentité.
- Qu’est-ce qui vous rassure l’un chez l’autre ?
Gabriel : J’ai l’impression que tout est tellement simple et léger dans notre relation que je me suis toujours senti en sécurité.
Cléo : Moi j’ai bien aimé que tu aies été infirmier avant. Je me suis dit que tu étais un bel humain pour faire ça. Ce n’est pas un métier facile ou qu’on fait pour la gloire. J’ai trouvé ça beau, ça m’avait touchée et mise en confiance que tu aimes prendre soin des gens.
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Kylian (lui), juriste, & Julien (lui), formateur et expert en authentification de produits de luxe – ensemble depuis un an
"Garder le dialogue ouvert, c’est le carburant du couple"
- Combien de temps avez-vous parlé online avant de vous rencontrer ?
Kylian : Je crois que ça faisait à peu près deux semaines qu’on discutait. Julien était en vacances, moi je travaillais à ce moment-là. Donc on discutait de temps en temps, pas de façon extrêmement régulière mais plus soutenue sur une soirée ou deux. Je voulais lui laisser du temps pour qu’il puisse profiter sereinement de ses vacances sans être accroché à son téléphone. On s’est dit qu’on se verrait à son retour.
Julien : C’est ça que j’ai apprécié. J’ai bien vu qu’il avait envie que je passe mes vacances tranquillement. Il ne m’a pas reparlé jusqu’au moment où il savait que j’étais rentré et on s’est vus deux jours après.
- Qui a supprimé l'application en premier, et en avez-vous parlé ensemble ?
Kylian : Ça s’est fait assez rapidement mais on n'a aucune idée de qui a supprimé l’application en premier. Il n’y a pas eu de discussion, ça s’est vraiment fait de manière naturelle.
Julien : Je ne voulais pas de pression ou de demande d’engagement de la part de l’un ou de l’autre mais plutôt que ça se fasse comme ça, sans spécialement en discuter. On a dû se faire la remarque à un moment : "Tu sais que j’ai supprimé ? - Moi aussi !"
- Quelle a été votre première impression lorsque vous avez vu le profil de votre nouvelle moitié sur Hinge ?
Julien : Pour l’anecdote, j’avais vu le profil de Kylian deux semaines avant qu’il ne m’envoie un message et je me suis dit : "Bon, il est trop beau pour moi !" Je préférais éviter une déception, quitte à ne pas savoir si je lui plaisais ou pas. En plus, à l’époque, il travaillait dans l’anti-contrefaçon, et comme dans mon métier j’apprends à détecter les contrefaçons, j’ai trouvé que c’était un point commun assez drôle. Quand il m’a écrit, ça m’a déstabilisé.
Kylian : De mon côté, j’ai moins tourné autour du pot. La vibe qui se dégageait de son profil me plaisait beaucoup. Je ne voulais pas prendre le risque que l’application ne me le re-propose pas, donc j’ai liké !
- Quel conseil donneriez-vous aux personnes queers qui essaient de faire des rencontres via des applications ?
Julien : Je dirais de ne pas prendre les choses trop à cœur ou trop sérieusement au début. Se laisser le temps de discuter et de rencontrer de nouvelles personnes, car c’est le but premier d’une application de rencontres. Il faut penser au plaisir plutôt que de se mettre la pression et de se créer des frustrations.
Kylian : Je pense qu’il faut donner la priorité à l’honnêteté et à la communication pour être aligné avec soi-même. Ne pas prendre l’application comme un jeu qui sert à gonfler son égo, parce qu’on peut vite s’y perdre.