livres"Roseraie", l'herbier sensuel du cinéaste Pierre Creton

Par Morgan Crochet le 13/12/2024
Pierre Creton publie "Roseraie", son herbier sensuel

Le cinéaste Pierre Creton s'est de nouveau associé aux éditions de l'Œil, cette fois pour Roseraie : un herbier sensuel aux raies roses grand format.

Des photogravures qui représentent la fleur de son secret adolescent. Pour bien faire, les éditions de l'Œil ont vu les choses en grand et elles ont eu raison. À l'intérieur de cet herbier de 33 sur 25 cm intitulé Roseraie, la reine des fleurs se veut évêque, de Marienburg, rouillée à fleurs d'anémone, carnées ou blanches… Tirées de l'œuvre du peintre wallon Pierre-Joseph Redouté (1759-1840), ces différentes roses sont associées par le cinéaste normand Pierre Creton – il a par ailleurs tourné un film herbier en 2006, L'Arc d'Iris, dans les montagnes de l'Himalaya – à des images homoérotiques, formant un tout poétique et sensuel.

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"Je découpai quelques pages d’un livre des roses de Pierre-Joseph Redouté de la bibliothèque de mes parents et photocopiai dessus des photographies que j’avais faites ou trouvées dans des magazines, pour retrouver ce que j’avais toujours associé : le sexe et les fleurs. J’avais déchiré certaines de mes images après que ma mère m’avait dit un jour les avoir découvertes. Il y en avait qui décrivaient mon lien sexuel avec mes amoureux, toutes les choses que j’aimais qu’ils fassent, comme me pisser dessus." Voici pour l'explication, extrait revu et corrigé d'un monologue tiré de son film Un prince, en 2023.

Portrait du cinéaste en botaniste

Il est donc désormais possible d'admirer les corrélations inspirées de celui qui est devenu ouvrier agricole aussitôt après son diplôme des Beaux-Art, comme il nous l'a confié l'année dernière depuis sa terre de Caux natale : "Ça a été un choix de vie, très lié à mon enfance. Et puis j’avais plutôt envie de vivre mon homosexualité à la campagne. Je savais que ce serait plus dur, mais évidemment c’était en rapport avec des désirs très particuliers liés à la terre, aux animaux, au végétal.”

Cette année, le cinéaste a tourné 7 promenades avec Mark Brown, pour lequel Vincent Barré, son coréalisateur, et lui ont reçu le prix du Cnap (Centre national des arts plastiques) lors de la 35ᵉ édition du Festival international de cinéma de Marseille (FID). Il a retrouvé à l'occasion Mark Brown, aperçu dans Un prince, paléobotaniste au projet fou : reconstituer une forêt primaire dans son jardin de Normandie. C'est ce qui s'appelle là encore voir en grand.

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Crédit photo : les éditions de l'Œil

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