Sortez les mouchoirs ! Tout ira bien, du cinéaste Ray Yeung, sort au cinéma ce mercredi 1er janvier 2025. Dans ce film lesbien, deuil et conflits de succession sont explorés avec retenue et subtilité.
L'amour avec un grand A entre deux petites vieilles adorables. Une représentation bien trop rare qui fait fondre nos cœurs dès les premières minutes de Tout ira bien, qu'on a découvert au festival de cinéma LGBTQI+ Chéries-Chéris. Angie et Pat sont des âmes sœurs depuis plus de 30 ans, mais elles sont aussi le pilier de leur famille et de leur quartier de Hong Kong. Mais quand Pat meurt, Angie perd pied. Au poids du deuil se rajoutent des querelles d'héritage. La cupidité réveille de vieilles jalousies et, progressivement, la famille unie se déchire et se retourne contre Angie. La force du long-métrage de Ray Yeung est de faire naître un profond sentiment d'injustice chez le spectateur sans jouer sur les ressorts classiques du rejet et de l'homophobie familiale.
Un drame social sans larmes de crocodiles
Les problématiques sociales sont les racines du conflit de succession. Le couple formé par Angie et Pat a toujours été accepté par la famille de cette dernière, qui forme leur entourage proche. L'homosexualité ne divise pas, et les deux femmes sont citées comme des modèles de réussite. Sauf qu'aux yeux de la loi, les deux femmes ne sont rien l'une pour l'autre. La situation est rageante, et l'on a envie de hurler face à l'injustice qui s'abat sur la veuve, sans pour autant parvenir à détester cette famille, dont les membres ont sacrifié leur santé dans des emplois minables et aspirent simplement à une vie meilleure.
Dramatique mais sans pathos, le film met l'accent sur la beauté du quotidien de Pat et Angie. À travers une série de petites habitudes ancrées au fil du temps, le spectateur contemple, attendri par le naturel des échanges, l'intimité d'un couple soudé. L'empathie vient naturellement, sans voyeurisme, et sans qu'aucun procédé tire-larmes ne vienne forcer le trait. En outre, Angie n'est pas seule contre tous et peut compter sur l'appui d'un groupe de goudous dévouées qui vient contrebalancer la trahison de la famille. Impossible de ne pas pleurer sur ces peines et ces misères filmées avec pudeur.
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Crédit photo : Mise en Scene film production