[Article à retrouver dans le magazine têtu· de l'hiver] Premier long-métrage du réalisateur belge Anthony Schatteman, Young Hearts est une ode à ce premier amour gay de jeunesse que nous n'avons pas eu. À découvrir en avant-première le 18 février, veille de la sortie du film, lors de notre têtu· ciné-club au cinéma Le Brady, à Paris.
"Je voulais faire le film que j'aurais aimé voir quand j'avais 8 ans." C'est ainsi que le cinéaste belge Anthony Schatteman a imaginé le récit tendre, presque ingénu, au cœur de son premier long-métrage, Young Hearts. Dans une petite commune de Flandre, le jeune Elias, 14 ans, est ébranlé par l'arrivée d'Alexander, son nouveau voisin et compagnon de classe tout droit débarqué de Bruxelles…
Une fois passée la fascination des débuts, naissent entre les deux garçons des sentiments amoureux. "Je me suis inspiré de ma jeunesse, hormis sur l'aspect romantique parce qu'il n'y avait pas d'autre mec gay dans mon village", concède le réalisateur. Le tournage s'est en revanche bien déroulé dans la ville néerlandophone où il a grandi, Wetteren, avec une équipe en majorité composée de ses amis. La chambre du personnage principal a même été décorée avec des objets provenant de sa propre chambre d'ado. "Je me sentais comme à la maison", sourit-il.
Un premier amour gay
L'expérience a été cathartique, comme une opportunité d'obtenir ce qui lui a tant manqué : un premier amour, à la manière de ses camarades hétéros de l'époque, mais aussi l'acceptation des autres. "Quand on a filmé la scène de coming out, j'ai explosé en larmes, confie le cinéaste. J'ai eu l'impression de me voir. Moi qui pensais que la seule écriture du scénario m'avait suffi comme thérapie !" Lors de la production du film, il a pu compter sur le soutien du réalisateur de Close, Lukas Dhont, récompensé du Grand prix à Cannes en 2022 et l'un de ses meilleurs amis. "J'ai conscience que nos deux œuvres se font écho, reconnaît Anthony Schatteman. J'avais vraiment envie que mon film coexiste avec Close, et lui soit comme un antidote."
Avec Young Hearts, il choisit de s'adresser à tous les âges et de proposer une œuvre douce, optimiste sans être irréaliste, bien qu'il ait d'abord eu l'intention de "faire un film romantique cliché, à la Disney, avec deux garçons". Quitte à passer pour un rêveur. "Au début du projet, plusieurs personnes m'ont demandé où était le conflit dans mon film. Ils voulaient qu'il y ait du harcèlement, etc, car c'est ce qu'on a l'habitude de voir. Mais le conflit est interne. C'est juste l'histoire d'un garçon, gay, qui cherche à trouver sa place."
Crédit photo : Thomas Nolf