Cinq après Chromatica, Lady Gaga est de retour avec la sortie de Mayhem, un nouvel album riche aux multiples inspirations. Validé à l'unanimité par la rédaction de têtu·, et voici pourquoi…
La dernière fois que Lady Gaga avait sorti un album, la planète entière suffoquait entre quatre murs. En pleine crise covid, son opus Chromatica nous avait offert un peu de respiration. Cinq ans plus tard, le monde ne tourne toujours pas rond mais rien n’est foutu, la preuve : Mother Monster revient avec Mayhem.
À lire aussi : L'agenda des sorties et soirées queers de mars
Entretemps, la superstar n’a pas chômé. Ces dernières années, elle a investi les plus grands stades pour les besoins de sa tournée mondiale The Chromatica Ball, lancée en 2022 seulement pour cause de pandémie ; elle a également poursuivi sa carrière d’actrice avec le thriller camp House of Gucci, de Ridley Scott, puis Joker: Folie à deux, de Todd Phillips – film accompagné d’un album concept, Harlequin, inspiré de son personnage, Harley Quinn.
Maman Gaga est de retour
Surtout, la chanteuse n’a pas cessé de faire languir ses fans autour de "LG7", le nom de code de ce tout dernier volet. Cela a commencé dès les Jeux olympiques de Paris. Venue interpréter Mon truc en plumes, de Zizi Jeanmaire, à la cérémonie d'ouverture de Thomas Jolly, l’artiste avait offert au passage, depuis le toit de sa voiture, devant une foule de Little Monsters (surnom donné à ses fans) venus l’acclamer devant son hôtel, un avant-goût d’un nouveau titre. L’ère Mayhem était lancée…
Depuis l’été dernier, deux premiers extraits avaient été révélés. Le premier, "Disease", renouait avec le style dark pop de la chanteuse, sur des paroles désespérées : "Tu tends la main et il n’y a personne, comme un dieu sans prière…" Le deuxième, "Abracadabra", a mis tout le monde d’accord : savoureux mélange de "Bad Romance" et "Alejandro", le tube a tout d’un hymne pop comme seule Gaga sait les faire.
Avec ces deux morceaux, sans parler de l’univers visuel qui se dessinait autour des clips vidéo, les fans s'attendaient à retrouver dans le nouvel album un univers sombre et électronique, semblable à celui de The Fame Monster et de Born This Way. Alors, Mayhem en est-il la suite spirituelle ? Eh bien non, pas du tout ! C’était mal connaître la star que d’imaginer un album prévisible.
Mayhem : entrez dans la lumière
Passé les deux singles déjà connus, la suite change radicalement de tonalité. Le disque se révèle beaucoup plus acidulé et lumineux que ne le laissaient présager ses premiers extraits. Gaga puise son inspiration dans de nombreux courants musicaux, du funk au disco en passant par le rock et la pop des eighties. Elle nous replonge même à l'époque de ses tout débuts, et convoque l’esprit de The Fame, son premier opus qui l’a révélée il y a déjà dix-sept ans.
C’est le cas de "Garden of Eden", du disco "Zombieboy" ou encore de "LoveDrug", trois titres qui auraient très bien pu figurer dans l’album sorti en 2008. Il n’est d’ailleurs pas impossible que le premier des trois cités vous rappelle la grande période de Gwen Stefani au début des années 2000. Toujours dans cette ambiance pop assumée, on retrouve le très efficace "Vanish Into You", conçue pour les radios, mais aussi "How Bad Do U Want Me", un morceau proche du style de Taylor Swift.
Dès la piste suivante, Gaga nous ramène 40 ans en arrière avec le cyberpunk "The Beast" et le dansant "Don’t Call Tonight", un titre aux influences très années 1980 avec quelques touches électroniques. Le refrain entêtant n’est pas si éloigné de l’univers d’une Laura Branigan, icône de la pop eighties, mondialement connue pour sa reprise de "Self Control".
De Michael Jackson à David Bowie…
Ses fans le savent : Lady Gaga n’a jamais eu peur de s’inspirer de ses modèles – ce qui lui a valu d’être accusée de plagiat par la reine de la pop, Madonna, au début des années 2010. Avec Mayhem, la superstar invoque les géants qui l’ont façonnée, parmi lesquels Michael Jackson, dont le spectre plane sur le titre "Shadow Of a Man".
Il y a aussi "Killah", produit par le DJ lyonnais Gesaffelstein – qui collabore sur plusieurs titres de l’opus. Ce morceau, l’un des plus réussis de l’album, convoque quant à lui deux génies. D’abord Prince, pour la voix et les intonations suaves, mais aussi David Bowie, dont le célèbre "Fame", sorti en 1975, semble ici l’inspiration principale. Sur ce morceau, Bowie avait collaboré avec un certain John Lennon, autre figure majeure pour la chanteuse.
Semblable à l’ambition de "Disease" et d’"Abracadabra", "Perfect Celebrity" est l’un des titres les plus rock et électroniques de l’album. L’artiste s’y exprime sur son rapport aux critiques et à la célébrité, thème cher à son cœur dès 2008 : "Tu adores me détester, je suis une célébrité parfaite." L'album se clôt sur les romantiques "Blade Of Grass" et "Die With a Smile" – interprété avec Bruno Mars et sorti en octobre 2024, énorme succès radio.
"Mayhem" signifiant "chaos", ce septième album ne pouvait pas mieux porter son nom, chaque piste partant dans une direction différente, melting-pot des obsessions et inspirations de Lady Gaga qui en sont le fil rouge. "Mayhem est la fusion de qui je suis dans la vie et de qui je suis sur scène", a expliqué la star lors d'une conférence de presse réservée aux fans. De fait, ce septième album sonne comme la célébration ultime d'une icône aux mille visages.
À lire aussi : "Disco, I'm coming out" : "Le disco, c’est la bande-son de l’émancipation"
Crédit photos : Universal Music - Matt Winkelmeyer / Getty Images via AFP