[Retrouvez dans le têtu· du printemps notre rétrospective sur les escorts dans le cinéma gay] Dans Baby, son deuxième film sorti au cinéma ce mercredi 19 mars, le réalisateur brésilien Marcelo Caetano brosse le portrait naturaliste d'escorts à São Paulo.
"On a trouvé l'amour dans un lieu sans espoir", chantait Rihanna en 2011 sur son hit "We Found Love". Tel est, de manière très abstraite et succincte, l'histoire de Baby. Avec son deuxième long-métrage, après Corpo Elétrico en 2017, le cinéaste brésilien Marcelo Caetano narre le nouveau départ de Wellington, un jeune homme tout juste libéré d'un centre pénitentiaire pour mineurs. Électron libre, en quête de stabilité financière, il arpente les trottoirs de São Paulo, au Brésil, la plus grande ville d'Amérique du Sud. "Il y a une avenue qui coupe la ville en plein milieu, détaille le réalisateur. C'est un quartier vibrant, très intense, avec plein de bars et de lieux de fêtes. C'est aussi là qu'on croise beaucoup de travailleurs du sexe." À l'image de Ronaldo, un daddy musclé et poilu incarné par le sexy Ricardo Teodoro (en interview dans le magazine du printemps), que le héros du film croise au détour d'un cinéma porno local…
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— têtu· (@TETUmag) March 18, 2025
Ni une ni deux, cette bombe de testostérone prend sous son aile le minet, qu'il surnomme affectueusement Baby, et lui apprend les rouages de la prostitution. Un rôle de mentor… et plus si affinités, tandis qu'ils s'embrassent, se chamaillent et se confient, alimentant des sentiments contrariés au gré de leurs mésaventures. "Beaucoup de jeunes garçons ont débuté leur vie amoureuse ou sexuelle avec des hommes plus âgés, développe Marcelo Caetano. C'est mon cas. Quand j'étais ado, c'était banalisé et très commun. Aujourd'hui, avec MeToo, on questionne davantage ces rapports de force entre hommes de générations différentes mais, pour autant, dans le film, je ne veux pas porter de jugement pour surfer sur des modes de pensée contemporains."
Le Brésil queer marqué par l'ère Bolsonaro
À mesure que Wellington cumule les nouvelles rencontres et expériences, quitte à parfois se mettre en danger, la relation qu'il entretient avec Ronaldo, faite de "beaucoup de tendresse et de complicité", se heurte à ses propres obstacles. Ils apparaissent alors comme des combattants en lutte permanente : contre la concurrence, contre la précarité, contre la violence de leur milieu et de la rue…
À sa manière, le réalisateur de Baby se situe également dans cette démarche de lutte : "Le film s'est construit dans un contexte difficile. Ici, les valeurs incarnées par Bolsonaro – le rejet des personnes queers, la transphobie, le refus du mariage pour tous – sont toujours présentes. Il n'y a pas eu un souffle de liberté après la nouvelle victoire de Lula en 2022. D'ailleurs, mon film n'aurait pas vu le jour sans le soutien financier de la France et des Pays-Bas. Quand je vois des récits queers au Brésil, je vois des personnages qui ne sont pas des victimes mais des soldats. Très sincèrement, je ne pense pas qu'un avenir sans combat puisse exister un jour. À mes yeux, cette perspective des luttes doit être constante car elles rendent les choses meilleures."
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Crédit photo : Epicentre Films