EuropeContre l'interdiction de la Pride, des milliers de Hongrois manifestent à Budapest

Par Nicolas Scheffer le 27/03/2025
Protesters Block Multiple Bridges In Budapest After The Banning Of The Pride March

Plusieurs milliers de personnes ont manifesté à Budapest, la capitale de la Hongrie, pour dénoncer l'interdiction de la Pride LGBT+ par le parti de Viktor Orbán.

"Démocratie", "la manifestation est un droit fondamental"… Une semaine après l'adoption par le Parlement hongrois d'une loi interdisant la Pride LGBT, plusieurs milliers de personnes ont manifesté ce mardi 25 mars en bloquant la circulation de plusieurs ponts emblématiques de la capitale du pays, Budapest, rapporte Euronews.

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Sur proposition de députés du Fidesz, le parti du Premier ministre homophobe Viktor Orbán, le Parlement a voté le 18 mars une loi prohibant tout rassemblement contraire à la législation LGBTphobe adoptée en 2021 pour interdire la "promotion" de l'homosexualité et de la transidentité auprès des jeunes. Le texte prévoit l'utilisation d'outils de reconnaissance faciale pour identifier les manifestants, qui pourraient se voir infliger une amende de 200.000 forints hongrois (environ 500 euros).

La Pride de Budapest a 30 ans

"Restreindre la liberté de réunion et la liberté d'expression serait inconcevable. Aucun pays de l'Union européenne n'a jamais interdit une marche des Fiertés", réagissait fin février auprès de têtu· Viktória Radványi, présidente de Budapest Pride qui organise l'événement. Et de promettre : "On marchera évidemment le 28 juin." Le jour du vote de la loi, l'association a signalé dans un communiqué que l'atteinte à l'État de droit dépassait largement la question queer : "Quand les manifestants et les organisateurs de la marche des Fiertés se lèvent pour leur liberté, ils manifestent pour le droit de tous les Hongrois. C'est un nouveau niveau de fascisme lorsque seuls ceux qui soutiennent le pouvoir en place sont autorisés à marcher dans les rues de leur pays."

Début mars, alors que Viktor Orbán menaçait déjà la Pride, quelque 150 personnalités politiques de France et d'Europe avaient signé une tribune publiée par têtu·, appelant notamment l'Union européenne à réagir : "Une fois encore, le Fidesz instrumentalise la haine et la discrimination pour faire reculer l'État de droit. Défendre aujourd'hui les droits des minorités, c'est défendre la démocratie en Europe. (…) L'Union européenne doit agir, et vite, pour stopper ces dérives. Jusqu'où laissera-t-on aller ces propagateurs de haine ?"

La Budapest Pride, qui célèbre cette année ses 30 ans, voit dans son interdiction une manière pour Viktor Orbán, à la peine dans plusieurs sondages en vue des élections législatives prévues au printemps 2026, de rassembler sa base électorale. Son principal opposant, Péter Magyar, issu d'une scission du Fidesz et en tête dans les intentions de vote, n'a pas apporté un soutien explicite à la marche des Fiertés, considérant le sujet comme une "diversion". En France, Sébastien Chenu, député du Rassemblement national allié du leader hongrois, a refusé de condamner l'interdiction de la Pride, considérant sur Franceinfo que Viktor Orbán "fait ce qu’il veut". Justement, il ne compte pas en rester là : le gouvernement hongrois prévoit encore de présenter début avril un amendement constitutionnel visant à inscrire dans la loi fondamentale – rédigée et votée en 2012 par le Fidesz et ses alliés – l'interdiction des manifestations publiques relatives aux sujets LGBT+.

>> Pour soutenir Budapest Pride, vous pouvez signer cette pétition

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Crédit photo : Balint Szentgallay / NurPhoto / NurPhoto via AFP

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