Au Parlement européen, le Rassemblement national de Jordan Bardella s'allie au parti du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, et vise la présidence d'un groupe d'extrême droite déjà troisième force de l'hémicycle.
Après sa douche froide aux élections législatives, où il espérait remporter ce dimanche 7 juillet une majorité mais termine troisième, le Rassemblement national (RN) profite que les Français aient les yeux rivés sur l'Assemblée nationale pour manœuvrer à Bruxelles où il a envoyé 30 élus aux dernières élections européennes. "Au Parlement européen nos eurodéputés joueront dès demain pleinement leur rôle au sein d'un grand groupe qui pèsera dans les rapports de force en Europe pour refuser la submersion migratoire, l'écologie punitive et la confiscation de notre souveraineté", a déclaré Jordan Bardella, président du parti d'extrême droite, au soir du second tour des législatives. Le RN a en effet rejoint les "Patriotes pour l'Europe", un nouveau groupe parlementaire fondé par le Fidesz, le parti du Premier ministre hongrois, Viktor Orbán, et le Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ). Prenant la suite du groupe Identité et démocratie (ID), ce groupe devient la troisième force politique du Parlement européen, avec 84 eurodéputés (sur 720) de 12 nationalités, selon un décompte de l'AFP.
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Les Patriotes pour l'Europe dépassent ainsi en nombre l'autre groupe d'extrême droite au Parlement européen, les Conservateurs et réformistes européens (ECR), auquel est affilié Fratelli d'Italia, le parti de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni. Si ce dernier est favorable au soutien à l'Ukraine contre la Russie, ID et le Fidesz (exclu du Parti populaire européen, la droite européenne) s'y opposaient : dans leur nouveau groupe parlementaire se réalise donc une coalition pro-Poutine. D'ailleurs, ce groupe est fondé sur trois piliers programmatiques : la défense de la "famille traditionnelle", la lutte contre l'immigration illégale et la fin du soutien à l'Ukraine contre la Russie.
Le Pen, Bardella et Orbán, une histoire qui dure
"Jordan Bardella et Marine Le Pen travaillaient depuis longtemps pour former un groupe qui puisse réellement influer sur les décisions du Parlement européen", a déclaré l'eurodéputé RN Jean-Paul Garraud lors d'une conférence de presse. Depuis plusieurs années déjà, le Rassemblement national fait en effet la cour à Viktor Orbán, notamment en assistant deux fois à la Conférence d'action politique conservatrice (CPAC), grand-messe annuelle des droites souverainistes. Avec 30 eurodéputés, le parti français dominera les Patriotes pour l'Europe, et plusieurs eurodéputés ont déjà annoncé que Jordan Bardella en prendrait la présidence.
Garanti de s'imposer comme la troisième force politique derrière le PPE et les sociaux-démocrates (S&D), les Patriote pour l'Europe espèrent former une dynamique propre à attirer le groupe ECR, qui compte 78 eurodéputés, et obtenir in fine l'appui politique de Giorgia Meloni. "C'est le moment de nous unir […] nous pouvons devenir le deuxième groupe au Parlement européen", déclarait Marine Le Pen fin mai à l'adresse de la cheffe du gouvernement italien dans le journal Corriere della Sera. Pour l'heure, Giorgia Meloni préfère faire bande à part. Mais pour combien de temps ?
Crédit photo : Frederick Florin / AFP