documentaire"Sally", un docu sur la première Américaine (queer) dans l'espace

Par Tessa Lanney le 16/06/2025
Sally Ride astronaute USA

Alors que Donald Trump règne de nouveau sur les États-Unis, un documentaire sur Sally Ride, la première astronaute américaine, veut réveiller les consciences. Ce mercredi 17 juin en streaming sur Disney+.

C'est l'histoire d'une femme queer qui, outrepassant les obstacles d'un autre âge, s'est hissée jusqu'aux cieux. Ce synopsis classique devait former la trame d'un biopic sur Sally Ride, devenue la première astronaute américaine (et troisième femme dans l'espace) le 18 juin 1983, morte en 2012. Diffusé à partir du 17 juin sur Disney+ et le 22 juin à 21h sur la chaîne National Geographic, Sally, le documentaire devait parler "du sexisme et de l'homophobie d'hier", confie à l'AFP sa réalisatrice, Cristina Costantini. Au départ, "célébrer l'amour queer, les femmes astronautes, ne nous semblait pas particulièrement politique, poursuit-elle. Il y a quelques années, un drapeau des fiertés a flotté dans l'espace, et la Nasa avait promis que la prochaine personne sur la Lune serait une femme." Mais entre temps, Donald Trump a été réélu président des États-Unis, et le projet "a pris un tout autre sens", souligne la réalisatrice.

Vingt ans après la Soviétique Valentina Terechkova, première femme à être allé dans l'espace, Sally Ride embarque dans la navette Challenger, sur le pas de tir de Cap Canaveral, en Floride, en juin 1983. Depuis six ans, l'agence spatiale américaine (Nasa) avait ouvert le recrutement des aspirants astronautes aux femmes. Pour monter dans une fusée, il faut passer une sélection féroce ; Sally Ride a dû en plus faire avec le sexisme de ses contemporains : les journalistes qui lui demandent si elle est du genre pleurnicharde, ses collègues ingénieurs de la Nasa qui lui préparent une trousse à maquillage et une centaine de tampons pour affronter son voyage de six jours…

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Pour vivre heureuse, elle a vécu cachée

"J'avais l'impression que les femmes n'avaient pas mérité leur place autant que nous", témoigne dans le documentaire Mike Mullane, astronaute de la "promotion 1978" et vétéran du Vietnam. Subissant déjà le sexisme, Sally Ride n'a jamais dévoilé sa relation avec la biologiste Tam O'Shaughnessy, dont elle a partagé la vie pendant 27 ans. Sa vie de couple a été rendu publique après son décès en 2012 d'un cancer du pancréas. "Sally n'aimait pas les étiquettes", mais "c'était une femme queer", soutient Tam O'Shaughnessy. "C'est une bonne chose qu'elle soit devenue une figure de cette communauté après sa mort."

Les mœurs ont changé, et la Nasa a embrayé le pas d'une société progressiste en adoptant une politique de diversité et d'inclusion pour les femmes, les personnes LGBTQI+ et toutes les minorités. Sauf que depuis le retour au pouvoir du très conservateur Donald Trump, "la Nasa a beaucoup changé", déplore Cristina Costantini. Ainsi, l'évocation de la présence d'une femme dans le prochain équipage envoyé sur la Lune "a été retirée du site officiel". De plus, "on a demandé aux employés d'enlever les symboles de la fierté gay, les drapeaux arc-en-ciel, les drapeaux de visibilité trans", souligne-t-elle. Avec la remise en question de nos droits, le documentaire prend une tout autre ampleur. "C'est notre responsabilité de porter le flambeau", conclut la réalisatrice.

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Crédit photo : NASA Johnson Space Center / Wikimedia Commons

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