La génération Z a bien grandi et fait face aux défis de la vie d'adultes dans la nouvelle série de Disney+, Adults.
Une bande de vingtenaires new-yorkais partagent un logement : ça ne vous rappelle rien ? Avec Adults, une série en huit épisodes créée par Ben Kronengold et Rebecca Shaw, disponible sur Disney+, la génération Z à son feuilleton de colocation à la Friends, New Girl et How I Met Your Mother. On y suit les galères du quotidien de Samir, Billie, Issa, Anton et Paul Baker avec un humour cru et absurde : relations amoureuses, vie professionnelle précaire, incompréhensions administratives… Ils sont jeunes, ils expérimentent, ils se posent plein de questions, ils font la fête, et nous font beaucoup rire. Le canevas familier de la série a été adapté à l'air du temps, avec des représentations franches de jeunes déconstruits et des thèmes importants pour la nouvelle génération.
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Ça y est, la génération Z a grandi et montre qu'elle en a dans le ventre et dans le caisson. Dans Adults, pas de discours moralisateur ou de piques envers leurs aînés boomeurs décriés, les jeunes sont trop occupés à essayer de devenir des adultes accomplis. Bien qu'ils semblent parfaitement en phase avec la société dans laquelle ils évoluent et qu'ils aient développé une conscience politique à toute épreuve, ce sont encore de grands enfants qui galèrent. Conscients de leurs lacunes face aux défis qu'ils rencontrent – réparer une chaudière, gérer des soucis d'assurance, s'imposer au travail –, leur autodérision et leurs piques décapantes les rendent attachants.
Le groupe a beau être soudé, ses membres sont hétéroclites : un patchwork d'identités. Le beau gosse de la série, Paul Baker (Jack Innanen), prince charmant moustachu aux ongles vernis, a – évidemment – une sexualité fluide. La coloc compte aussi Anton, gay flamboyant et impertinent. Mais même les trois autres, aussi hétéros qu'ils pourraient paraître, semblent tous avoir plus ou moins mangé à la cantine, ou ne pas être rebutés par l'idée. L'orientation sexuelle n'est pas un sujet et n'est pas invisibilisée non plus : chacun assume son identité au grand jour, sans faire de grands discours pour qu'on les respecte.
Nos vécus prêtent à sourire, et c'est tant mieux
Ils sont woke, ils sont déconstruits et tutti quanti. Mais Adults n'est pas dans le monde des Bisounours, et réussit le pari de rire de tout et d'enchaîner les vannes osées sur des sujets sensibles, sans blesser personne. Leur vécu minoritaire pose d'amblé un lien de connivence qui permet une grande liberté de ton. Diversité ne rime pas en permanence avec drame, et c'est rafraichissant à voir à l'écran. Contrairement à Friends, New Girl, How I Met Your Mother et compagnie, le dominant ne se moque pas des marginaux qui l'entourent. Pas de gentil garçon qui met ses tourments sur le dos de ses amantes ni de séducteur forceur et inconséquent. Nos personnages remettent leurs comportements en question… tout en se permettant des vannes trashs en parallèle.
Dès le premier épisode, le harcèlement sexuel au travail est mis sur le tapis. Il n'est pas raillé, les victimes ne sont pas moquées, mais la série donne le ton : on ne tombera pas dans le misérabilisme ou dans le pathos. On se joue des clichés, on prend le sujet à contrepied, et on en rit. Peut-on vraiment rire de tout ? Pourquoi pas, si on en profite pour dénoncer les injustices au passage. Remettre à sa place une adolescente désagréable alors qu'elle est forcée de se rendre dans un autre État pour avorter, c'est osé, mais jamais sa situation n'est ni moquée ni prise à la légère. Rien à voir avec les ados irréprochables de Sex Education ou de Heartstopper qui ne disent jamais un mot plus haut que l'autre. C'est justement parce que les jeunes d'Adults ont été biberonnés au politiquement correct et aux valeurs d'inclusion qu'ils peuvent en grandissant s'autoriser à en jouer, à faire preuve de second degré.
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Crédits photo : Disney+