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magazine"Heartstopper" saison 3 : "C'est sans doute le 'Sex Education' des ados d'aujourd'hui"

Par Florian Ques le 01/10/2024
La saison 3 de la série "Heartstopper" est disponible sur Netflix

[Article à retrouver dans le magazine têtu· de l'automne] Leurs cœurs sont à la fête lorsqu'ils se prennent dans les bras. Ça leur suffit, Charlie et Nick, les héros de Heartstopper, sont heureux comme ça. Et nous aussi : la saison 3 arrive sur Netflix

Vous avez besoin d’amour ? Des bisous, des câlins, tous les jours ? Il fut un temps où vous pouviez trouver un réconfort dans des feuilletons hétéros pour ados : des amourettes, des premiers baisers, des cœurs à vif… Mais ces dernières années, les séries font surtout place à des lycéens à la sexualité exubérante, comme dans Élite, ou en pleine descente aux enfers, comme dans Euphoria. Heartstopper a résolument choisi de prendre le chemin inverse. Ici, pas de branlette dans les douches de l’école, pas de rails de coke à sniffer entre deux cours : cette série britannique de Netflix, dont la troisième saison sort cet automne, nous fait suivre la romance fleur bleue entre Charlie et Nick, deux collégiens qui ne cessent de rougir tant ils en pincent l’un pour l’autre. Succès immédiat. “La série est arrivée à un moment où les gens s’étaient peut-être habitués à des œuvres beaucoup plus sombres et plus brutes dans leur approche, estime Kit Connor, qui incarne l’un des deux tourtereaux. Je pense qu’il y avait un appétit pour quelque chose de différent, de plus doux et certainement de plus optimiste.”

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“Les belles romances n’ont de sens que lorsqu’on est amoureux”, dit la poétesse. Chaque échange entre Charlie, le brun longiligne de nature introvertie, et Nick, le rugbyman blond au tempérament de labrador, suinte de mignonnerie. D’ailleurs, dès son lancement, le journal anglais The Guardian a décerné à Heartstopper la couronne de “série la plus adorable de la télévision”. Tout y est calibré pour faire fondre les cœurs sensibles : les regards se croisent furtivement, les étreintes s’éternisent, les déclarations sont enflammées… On est sur un romantisme carabiné, que certains trouveront mièvre mais qui fait tellement du bien : la jeunesse a le droit d’être innocente et timide, loin de ressorts narratifs complètement déconnectés de la réalité. C’est régressif comme une sitcom d’AB Productions (mais si, Hélène et les garçons, tout ça…) mais sans les rires préenregistrés ni les dialogues téléphonés.

D’une niaiserie assumée, la série n’est pas pour autant superficielle. Comme la bande dessinée d’Alice Oseman dont elle est issue, elle aborde de nombreuses thématiques “concernantes”, qui se marient très bien avec son côté tire-larme. Autour du couple gay central, une poignée de personnages permettent ainsi d’aborder la transidentité, l’asexualité, les jeunes queers virés de chez leurs parents ou encore les problématiques de santé mentale. “On y trouve une représentation fabuleuse et l’une des meilleures intrigues autour de la bisexualité”, souligne Kit Connor, qui a fait son coming out bi en 2022.

Représentations en séries

La saison 3 se penche sur les troubles alimentaires contre lesquels bataille Charlie, qui n’étaient jusqu’alors qu’effleurés. “C’est une position vulnérable dans laquelle se trouve mon personnage, développe son interprète, Joe Locke. On voulait s’assurer de raconter cette intrigue avec le plus de vérité et d’authenticité possible sans pour autant tendre vers quelque chose de trop pesant.” Derrière cette prudence, une réelle envie de faire les choses bien – “on a vraiment tenu à n’offenser personne” – pour sensibiliser et éduquer en douceur. Un peu comme l’avait fait avant elle Sex Education, autre succès britannique de Netflix. “Avec Kit Connor, on devait avoir 14 ou 15 ans quand la première saison de Sex Ed est sortie, se souvient Joe Locke. Ça a sans doute été le Heartstopper de notre génération ! On peut s’estimer heureux d’avoir eu beaucoup de séries qui proposaient tout un tas de représentations.”

Hélas, ce ne fut pas le cas des générations précédentes de spectateurs dont beaucoup, en observant Nick et Charlie se cajoler à tout-va sans avoir à se cacher, ne peuvent s’empêcher d’avoir un pincement au cœur. C’est que la jeunesse dépeinte dans Heartstopper est une expérience à laquelle ils n’ont pas eu accès. “Je ne m’attendais pas forcément à cette réaction de la part du public plus âgé”, relève Joe, né en 2003 et out depuis ses 15 ans, devant ce “sentiment doux-amer”. Et Kit de compléter : “C’est triste de se dire que des personnes queers n’ont pas eu droit à ce type de bonheur. Mais il y en a aussi plein qui nous ont contactés en se montrant ravis pour les jeunes d’aujourd’hui, qui peuvent se retrouver dans une histoire aussi positive que la nôtre.” Tous ces moments love, nous on est vraiment pour.

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Crédit photo : Netflix

Heartstopper, saison 3, à partir de ce jeudi 3 octobre sur Netflix.

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