Depuis 2018, la page Instagram du Projet Pieuvre poste quotidiennement des tranches de vie, d'une durée d'une minute, qui nous plongent au sein d'un groupe de potes queers à Paris. Mais l'heure des adieux a sonné.
C'est un chapitre qui se ferme. Un chapitre qui aura tout de même duré quatre ans, puisque c'est en août 2018 qu'Arthur Vauthier inaugure Projet Pieuvre, une web-série au format peu commun. Chaque jour, sur le compte Instagram du projet, est publié un "instant", soit une vidéo d'environ une minute où l'on suit dans leur quotidien plusieurs personnages d'un microcosme parisien. Une initiative à laquelle son créateur a mis fin ce 9 août, tirant une trait sur une aventure émouvante.
À lire aussi : "Uncoupled" sur Netflix : un "Sex and the City" gay peu convaincant
"La décision a été prise en décembre dernier, confie Arthur Vauthier à propos de ce clap de fin inattendu. On avait fait le constat depuis un moment que ce projet prenait beaucoup de temps et que ça devenait assez dur au quotidien. Mais on tenait à vraiment amener les personnages au terme de leur trajectoire." C'est désormais chose faite. Lucas, Ferdinand, Jimmy et les autres auront mené des vies tumultueuses, ponctuées de joies et de peines. Ils auront surtout apporté une jolie représentation LGBTQI+ sur Instagram.
Un dénouement calculé
Au gré de 1.440 instants – un nombre symbolique qui a beaucoup plu aux équipes puisqu'il équivaut à 24 heures de contenu –, Projet Pieuvre aura encapsulé des choses simples de la vie, "incompréhensions" et "sentiments d'amour, d'amitié, de jalousie", résume son créateur. La web-série se sera aussi emparée de sujets propres à la communauté queer : les agressions homophobes, le rejet familial ou encore le chemsex, une intrigue dont Arthur Vauthier est particulièrement fier : "C'était important de montrer une histoire qui allait vraiment loin, qui passait par des épreuves douloureuses mais qui finissait bien. J'avais envie de véhiculer un message optimiste et montrer qu'on peut très bien s'en sortir."
Spécificité du Projet Pieuvre, l'absence totale de dialogues écrits. Des arcs narratifs étaient esquissés, ainsi que des ébauches pour chaque scène, mais lorsque venait le moment de filmer, place était laissée à l'improvisation. "On laissait les acteurs vivre la chose de la façon dont ils le sentaient, développe Arthur. Il y avait beaucoup de corrections entre chaque prise sur les mots, le rythme, les intentions..." Un parti pris très libre qui a fait ses preuves, conférant à chaque histoire un écho sincère.
Beaucoup, beaucoup d'investissement
Afin de maintenir une telle constance sur les réseaux sociaux, Projet Pieuvre aura nécessité l'implication d'une brochette de personnes : près d'une quarantaine de techniciens du côté de l'équipe de tournage et plus de 300 interprètes devant la caméra (cast régulier et guests). Arthur explique que les personnages de la web-série ont été campés par "de très bons potes" tout comme "des gens qui nous ont contactés eux-mêmes car ils voulaient jouer dedans". Preuve que le public du projet était investi. À tel point, d'ailleurs, que les fans versaient régulièrement de l'argent dans une cagnotte en ligne pour maintenir la web-série à flot et assurer sa longévité.
Maintenant qu'il a franchi la ligne d'arrivée, Arthur Vauthier s'estime globalement satisfait de cette aventure tentaculaire : "C'est resté assez fidèle à ce que j'avais en tête au départ, notamment en termes de format parce qu'on n'a jamais dérogé au principe de base. Quant à l'histoire, on s'est beaucoup laissé porter par ce que les acteurs apportaient ainsi que des choses qui me sont arrivées dans la vraie vie et que j'ai eu envie de glisser dans la série de façon un peu cathartique."
Pour l'heure, ce qui est cathartique, c'est la fin réussie, de Projet Pieuvre… "Je suis un peu triste quand même, conclut son concepteur. Mais c'est bien de passer à autre chose et de pouvoir finir cette aventure avec une vraie fin." Et la suite ? "J'ai plein de projets en tête mais j'essaie de ne pas y penser. Il faut que j'attende et que je me repose."
À lire aussi : Voici les séries LGBTQI+ à ne pas rater en août
Crédit photo : Projet Pieuvre / Arthur Vauthier
