séries"Black Mirror" saison 7 : un épisode 3 de rêverie lesbienne à l'âge d'or d'Hollywood

Par Florian Ques le 15/04/2025
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Intitulé "Hotel Reverie", le troisième épisode de la nouvelle saison de Black Mirror, disponible en streaming sur Netflix, met en scène une histoire d'amour lesbienne dans l'Hollywood homophobe des années 1940.

Voilà déjà sept saisons que l'anthologie Black Mirror s'est donnée pour mission d'imaginer les évolutions possibles des nouvelles technologies, en portant notamment un regard critique sur le développement de l'intelligence artificielle (IA). Il arrive aussi que la série créée par Charlie Brooker se fasse romantique, voire queer, comme ce fut le cas en 2016 avec "San Junipero", l'épisode 3 de la saison 4, qui nous avait offert une émouvante romance lesbienne. "Hotel Reverie", l'épisode 3 de la saison 7, qui vient d'arriver en streaming sur Netflix, s'inscrit dans sa continuité.

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Nous voici cette fois invités à suivre Brandy Friday (Issa Rae), une actrice habituée des gros films hollywoodiens en quête d'un projet plus exaltant. Une directrice de studio la contacte avec l'opportunité de ses rêves : remplacer le rôle principal – masculin – dans une nouvelle mouture d'Hotel Reverie, un classique des années 1940 en noir et blanc (pensez par exemple à Casablanca, de Michael Curtiz) dans lequel joue sa comédienne fétiche, Dorothy Chambers, qui y incarne l'élégante Clara. Ce remake est réalisé via une IA qui, via des capteurs placés sur ses tempes, immerge directement Brandy dans le film originel. Elle doit alors donner la réplique à son idole de toujours mais évidemment, rien ne se passe comme prévu…

Un air de réparation historique

Sans divulguer les détails de l'intrigue, l'irruption de Brandy dans son monde en noir et blanc ne va pas manquer de tournebouler Clara/Dorothy. Fini les jeux de l'amour et du hasard avec un bon vieux mâle blanc, voici qu'on lui offre l'occasion d'un vrai coup de cœur : de son vivant, l'icône hollywoodienne était en réalité dans le placard et s'est même suicidée en raison de l'impossibilité d'assumer son homosexualité.

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Sans jamais le nommer, cet épisode de Black Mirror évoque bien sûr le code Hays, à l'œuvre de 1934 à 1966. Forme d'autocensure mise en œuvre par les studios d'Hollywood pour éviter d'être poursuivis par l'État fédéral, celui-ci régissait ce qui pouvait ou non être montré à l'écran. Parmi les interdits, "toute référence à la perversion sexuelle", ce qui pointait à l'époque l'homosexualité. En prime, dès les années 1920, les contrats hollywoodiens comportaient une clause de moralité interdisant à leurs signataires d'être ouvertement homos. Les unions hétérosexuelles de convenance qui découlaient de ce système étaient appelées "mariages de lavande".

En permettant au personnage de Dorothy d'accéder à une histoire d'amour avec une autre femme sans plus avoir à se soucier des apparences, Black Mirror semble donc réparer une injustice historique. On pense avec un pincement au cœur à Cary Grant, Greta Garbo, Rock Hudson, bref à toutes ces personnalités du cinéma d'un autre âge ayant dû, leur vie durant, dissimuler qui iels étaient vraiment. Le fait qu'Emma Corrin, comédienne ouvertement queer, interprète Clara/Dorothy, est la cerise sur ce gâteau. Au passage, l'épisode cite son prédécesseur dans la série, "San Junipero" : saurez-vous trouver où ?

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Crédit photos : Netflix

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