séries"Videoland" ou comment devenir lesbienne grâce aux VHS

Par Tessa Lanney le 15/10/2024
"Videoland", saison 1.

Avant Netflix et YouTube, c'étaient les rayons des vidéoclubs que l'on fouillait – désespérément – à la recherche de représentations LGBT. La série Videoland nous replonge dans ces années 1990 avec son personnage de bébé gouine en quête de modèles.

Deux femmes qui s'embrassent pendant quelques secondes. Pendant longtemps, nos yeux de bébés gouines guettaient les rares films qui donnaient à voir une telle scène. Dans un mélange d'excitation et de honte, on rembobinait alors la cassette VHS pour revoir une énième fois ce baiser interdit. Cette époque paraît bien loin, aujourd'hui que les personnages lesbiens authentiques sont à portée de clic. En nous renvoyant dans un vidéoclub des années 1990, la série australienne Videoland, à retrouver en streaming sur MyCanal, rappelle pourtant combien cette quête de modèles et de réponses, cruciales dans nos adolescences queers, reste d'actualité.

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Les six épisodes de huit minutes suivent les pérégrinations d'une ado lesbienne qui se cherche, et trouve (parfois) un peu de réconfort dans un modèle fictif : de la romance, de l'amitié, et beaucoup de gay panic. Hayley, qui travaille à 17 ans comme employée d'un vidéoclub, explore ses désirs saphiques à travers une série de films de plus ou moins bon goût. Sa timidité et sa maladresse nous ramènent instantanément à notre propre adolescence ballottée de questionnements en questionnements : comment flirter ? Comment déterminer si l'élue de notre cœur fait partie de la fanfare ? Comment reconnaître une lesbienne si les étagères de cassettes sont envahies par les hétéros ?

L'habit ne fait pas la lesbienne

Fin du XXe siècle oblige, la série souligne le manque de représentations LGBT dans le cinéma et en profite pour se moquer gentiment de celles qui montraient les lesbiennes comme des meufs sacrément tordues. Les plus nostalgiques aimeront se rappeler l'homoérotisme suintant de notre icône Kate Winslet dans Créatures célestes, le caractère badass de Xena la guerrière ou encore le côté dures-à-cuire des héroïnes de Bound. Videoland joue sur l'esthétique des sitcoms pour adolescentes de ces années-là : maquillage criard, colliers ras-de-cou, vêtements à carreaux typiquement grunges et total look aérobic des fans de Jane Fonda.

Mais ce qu'on aime dans Videoland, c'est la bienveillance avec laquelle la série traite son héroïne et ses tentatives de prendre exemple sur des mentors fictifs pour aborder le monde queer le torse bombé. Outre les leçons habituelles sur l'importance de rester soi-même et de trouver sa lesbienne intérieure sans se laisser influencer, le récit encourage son personnage à explorer les multiples facettes de son identité, quitte à coller aux stéréotypes et à jouer avec, pour mieux s'en détacher.

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Crédit photo : Pikelet Pictures

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