Maroc : les victimes de l'agression homophobe relâchées

Par Jérémie Lacroix le 12/04/2016
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La justice marocaine a finalement condamné plus lourdement les agresseurs que les victimes de l'agression homophobe de Béni Mellal.

Lors du procès en première instance, le tribunal de Béni Mellal avait condamné l'une des victimes à 4 mois de prison fermes et deux des agresseurs à 2 mois de prison avec sursis, suscitant une vague d'indignation au Maroc et à travers le monde.
Cependant, la justice marocaine a fait marche arrière ce lundi puisque la victime jugée en deuxième instance par la Cour d'appel de Béni Mellal a vu sa condamnation commuée en 4 mois de prison avec sursis, tandis que la deuxième victime - jugée en première instance - a écopé de 3 mois de prison avec sursis. Ils ont été condamnés respectivement pour "actes sexuels contre-nature" et pour "déviance sexuelle". D'ailleurs, le fait que la justice n'ait pas caractérisé les délits de la même manière interpelle sur le caractère arbitraire de ces condamnations.
Trois des agresseurs ont quant à eux été jugés pour "entrée avec effraction, recours à la violence et port d'armes" et ont écopé de peines allant de 3 à 6 mois fermes ; tandis qu'un quatrième assaillant a été relaxé.

Les associations tiraillées entre satisfaction et inquiétude

Le association de défense des droits LGBT, tel le collectif Aswat, ont accueilli le verdict avec satisfaction bien que les victimes aient été condamnées. En effet, dans un pays qui pénalise toujours l'homosexualité - à travers l'article 489 du code pénal - ces décisions de justice représentent un véritable revirement de situation qu'il convient de souligner puisque les victimes sont libres. Mais cela suffira-t-il a créer un précédent ?
Pas sûr ! Comme nous l'expliquait récemment le collectif Aswat, la société marocaine est encore profondément homophobe. Preuve en est s'il en faut, l'importante manifestation en soutien aux agresseurs qui s'est déroulée devant le tribunal de Béni Mellal. Les manifestants réclamaient leur libération et protestaient contre ce qu'ils jugent comme une normalisation de l'homosexualité par les autorités.
Des militantes françaises des Femen étaient quant à elles venues soutenir les victimes de l'agression homophobe. Elles ont été rapidement interpellées par la police et devraient être bientôt expulsées du Maroc.


Crédit photo de couverture : David Rodrigues / Le Desk