Laurence Rossignol, nouvellement nommée Ministre de la Famille, de l'Enfance et des Droits des Femmes, a accordé un long entretien à nos confrères de Libération, dans lequel elle réaffirme que le gouvernement n'est pas prêt à avancer sur la question de la PMA.
Les journalistes lui rappelaient que le Président de la République avait saisi le comité d'éthique sur la question de l'ouverture de la PMA aux lesbiennes et aux célibataire en janvier 2013. Et de lui demander jusqu'à quand allions-nous attendre son avis :
"Je n’ai pas plus de raisons aujourd’hui qu’hier, quand j’étais en charge de la famille, de relancer ce dossier. A titre personnel, j’y suis favorable pour les couples lesbiens, et il me semble que toute la gauche l’est. Le problème est clair : jusqu’où fait-on remonter le niveau d’excitation ? Ma crainte la plus grande, c’est le procès en diversion. Je ne veux pas qu’on dise que la gauche lance des débats de société pour faire diversion, comme cela a été le cas à la fin du débat sur le mariage pour tous. Les vociférations de la Manif pour tous ont tout paralysé. Je ne veux pas être impuissante dans tout ce que j’ai à faire par l’enlisement d’un débat sur la PMA. Or, vous prononcez «PMA», et déjà les réseaux sociaux s’enflamment. Ces sujets doivent être traités par une société apaisée. Je travaille à l’apaiser."
Cet avis, pourtant très attendu par les associations de défense des droits LGBT, ne cesse d'être repoussé. Initialement prévu fin 2014, puis début 2015, il avait été à nouveau reporté en mars de la même année. Ce qui arrange probablement le gouvernement, peu enclin à se saisir de cette question.
En effet, Laurence Rossignol tenait déjà le même discours en 2014, lorsqu'elle était secrétaire d'Etat à la Famille. Le gouvernement venait de reporter sine die le projet de loi famille. Elle déclarait en des termes très similaires :
"Ce sont des textes d'apaisement. Il faut trouver des points de convergence. Le droit des familles est rentré dans un paysage obscurci et colonisé par la PMA. Il faut se décaler de ce sujet pour aborder sereinement la famille"
Deux ans plus tard, il semble que le spectre de la Manif Pour Tous hante toujours le gouvernement. Ce dernier fait donc le choix de ne pas s'engager plus à même pour une plus grande ouverture des droits en faveur des personnes LGBT, notamment sur la PMA, et ce afin de ne pas s'attirer les foudres d'une minorité farouchement opposée à ces questions. Pourtant les associations prévenaient déjà à l'époque de la nécessité de légiférer sur la question : "Il y a une urgence sanitaire, notamment pour empêcher les PMA clandestines et une question d'égalité". Même les spécialistes du droit voyaient dans l'inachèvement de la loi Taubira "une insécurité juridique" promettant de houleux débats à venir. Nous y sommes !