Alors qu'un nouvel imam vient de faire son coming out gay dans le monde, en Australie, Ludovic-Mohamed Zahed, qui a fondé la première mosquée inclusive de France, s'est exprimé dans une interview.
"Nous sommes l'islam, nous concevons nous-mêmes notre foi", affirme aujourd’hui Ludovic-Mohamed Zahed auprès du journal allemand Der Spiegel, traduit par VSD. Lui est imam et homosexuel. Élevé entre la France et l’Algérie, il a ouvert en 2012 à Paris une mosquée qui fait figure d’exception, puisqu'elle accueille les musulmans gays. Depuis, cet "imam sans frontières" sillonne le globe pour faire entendre la voix d'un "islam plus humain".
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Dans les colonnes du média allemand, le dignitaire religieux rappelle que l’islam "est une religion pacifique et tolérante", soulignant que "pendant des centaines d’années, l’islam a été tolérant vis-à-vis des personnes homosexuelles et transsexuelles" : Mahomet lui-même aurait en effet accueilli chez lui des "Mukhannathun", le terme de l’époque pour désigner des hommes efféminés.
"Dans le Coran, il n'est écrit nulle part que l'homosexualité est blâmable."
Une attitude tolérante et inclusive que Ludovic-Mohamed Zahed distingue de la charia : "La charia est l’œuvre des hommes, et elle a toujours évolué au fil du temps. Nous n’adorons aucune loi, cela serait idiot et dogmatique. Nous devons comprendre le message spirituel que nous transmet le Coran. Or, il s’agit d’un message de tolérance et de paix. Dans le Coran, il n’est écrit nulle part que l’homosexualité est blâmable."
Nur Warsame, premier imam ouvertement gay d'Australie
En ce sens, Ludovic-Mohamed Zahed condamne également les musulmans radicaux qui défendent la violence contre les homosexuels, rappelant que leurs actions ne se rapprochent d’aucune religion : "Ce sont des fascistes, qui persécutent les minorités religieuses et ethniques. Ça relève du contrôle, du pouvoir et de l’argent mais pas de la spiritualité. En période de crise, les fascistes gagnent toujours de l’influence. C’était comme cela sous les nazis et sous les communistes en Europe de l’Est. En Birmanie il y a bien des bouddhistes qui tuent des musulmans. Celui qui fait ça est un meurtrier, peu importe la religion à laquelle il appartient. Ça n’a rien à voir avec l’islam."
Une conclusion à laquelle est aussi arrivé Nur Warsame. Ce 2 mai, cet imam a fait son coming out sur les ondes de la télévision publique australienne. S’il anime des réunions avec les jeunes musulmans LGBT de Melbourne, ce religieux constate néanmoins que "réconcilier la foi et la sexualité est un voyage très difficile", notamment parce que "les risques sont élevés". D'où l'importance d'offrir un discours musulman ouvert et tolérant sur l'islam, comme le sien ou ceux de Ludovic-Mohamed Zahed en France et de Muhsin Hendricks en Afrique du Sud. À Londres, à l’approche des élections municipales, un candidat musulman d'origine pakistanaise, féministe et "pro-mariage pour tous" est en lice pour diriger la capitale britannique, preuve que l'islam est aussi une religion plurielle.
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