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mondeAvec les discours homophobes, la violence contre les LGBT+ grimpe en flèche en Europe

Par Quentin Martinez le 21/02/2023
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L'ONG ILGA-Europe alerte sur les violences anti-LGBTQI+ qui ont atteint un record en 2022, alimentées par un discours réactionnaire florissant partout en Europe, y compris dans les pays où nos droits avancent.

"2022 était l'année la plus violente pour les personnes LGBTI depuis dix ans", s'inquiète l'ILGA-Europe. L'ONG de défense des droits LGBTQI+ a publié ce lundi 20 février son rapport annuel 2023, très alarmant sur les violences LGBTphobes en Europe et en Asie centrale (54 pays). Partout elles sont plus fortes, même dans les pays où nos droits progressent mais où elles sont sans cesse alimentées par la résurgence de discours réactionnaires.

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Car la violence fait d'abord son lit dans les discours, martèle l'ILGA. "Les adolescents qui affirment leur identité LGBT sont atteints de démence", déclarait l'été dernier Jaroslaw Kaczynski, l'homme fort de la Pologne. "La Hongrie combattra la théorie du genre", soutient la va-t-en-guerre ministre de la Justice de Viktor Orbán, Judit Varga. Un discours repris, comme dans une compétition à qui sera le plus réac, outre-Manche après la démission de l'ancien Premier ministre Boris Johnson, qui a déclenché chez les conservateurs une campagne pour sa succession. "Plusieurs candidats au poste de Premier ministre ont utilisé l'opposition aux droits des personnes trans comme outil politique", relève le rapport. C'est finalement Rishi Sunak qui a élu domicile au 10 Downing Street, non sans taper sur les personnes trans : "Il faut se poser la question de la sécurité des femmes. C'est pourquoi le sexe biologique compte vraiment"

Alerte au Royaume-Uni et en Espagne

De fait, citant les données du ministère de l'Intérieur britannique, l'ILGA confirme que la violence anti-LGBTQI+ a explosé l'an dernier au Royaume-Uni. Les autorités britanniques ont ainsi enregistré en Angleterre et au Pays de Galles une augmentation de 41% des actes homophobes et des 56% des actes transphobes. Et ce, prolongeant une croissance ininterrompue depuis 2013. De quoi sérieusement inquiéter les auteurs du rapport : "Les actes anti-LGBT ont atteint des niveaux effrayants au Royaume-Uni".

En Espagne également, malgré des avancées législatives, notamment concernant la libre autodétermination de genre, la violence anti-LGBT est à un niveau particulièrement inquiétant. Comme au Royaume-Uni, les actes anti-LGBT recensés par la police ont bondi, ici de 68% sur une année. À Barcelone par exemple, un homme gay a encore échappé à la mort en novembre 2022, attaqué au couteau après des insultes homophobes.

Dénoncer chaque discours anti-LGBT

La France n'est pas épargnée par le phénomène ces dernières années. L'ILGA relève à notre crédit le vote d'une loi facilitant l'adoption, un pas vers la reconnaissance des victimes de la pénalisation de l'homosexualité ou encore la création d'un poste du poste d'ambassadeur aux droits des personnes LGBTQI+. Mais malgré cela, les atteintes anti-LGBTQI+ ont augmenté de 28% entre 2020 et 2021 et doublé en cinq ans.

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"Ces douze derniers moins n'ont pas seulement été l'occasion d'une hausse des actes contre les personnes LGBTI, mais aussi du degré de violence de ces atteintes", alerte enfin l'ILGA. À Oslo (Norvège) le 25 juin dernier, un acte terroriste a conduit à la mort de deux hommes gays et blessé 20 personnes devant un bar de la commu. À Bratislava (Slovaquie) le 12 octobre, deux personnes ont été tuées également devant un bar gay. En Irlande, deux hommes ont été poignardés après une rencontre sur Grindr. Et si, relève l'ILGA, "à travers l'Europe, de nombreuses personnalités politiques ont réagi avec émotion aux meurtres de personnes LGBTQI+ cette année et, si les témoignages de solidarité sont toujours nécessaires, cela ne répond pas à la racine du problème". Plus que jamais, l'ONG appelle donc les dirigeants à dénoncer chaque discours LGBTphobe, carburant des violences qui nous ciblent, et tuent.

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Crédit photo : Elodie Hervé pour têtu·