L' artiste anglaise Kate MccGwire sculpte d'étranges formes couvertes de plumes, à la fois fascinantes et effrayantes.
Inspirée par les vitrines des musées d'histoire naturelle et de taxidermie, Kate MccGwire met en scène ses sculptures à la manière des cabinets de curiosité. Ces animaux qui n'en sont pas, le spectateur cherche vainement à identifier le volatile représenté, avant de se rendre compte qu'il ne s'agit que d'une forme organique dépourvue de membres, et n'ayant de naturel et de figuratif que leur parure plumassière. Pour réaliser ses créations, Kate MccGwire recueille patiemment des plumes de pigeon, canard, colombe ou corneille, avant de les teinter et de les assembler sur des structures sculptées.
Son travail interroge la nature même de la beauté et les limites de l'imaginaire, en référence à Freud et à son concept d’«Unheimlich» (l’étrange, l’inhospitalier) autrement dit «d’un espace où le familier peut susciter la peur». Car les formes ondulées, chatoyantes, douces et courbes de l'artiste oscillent en permanence avec "l'inquiétante étrangeté" freudienne. Ces êtres hybrides, présentés comme endormis, et donc susceptibles de se réveiller avec danger, rappellent également les représentations des monstres de l'imaginaire du Moyen-âge, mi-dragon, mi-aigle. On pense également aux oiseaux menaçants du film éponyme de Hitchcock. Enfin, les formes sinueuses de ses sculptures peuvent également rappeler le serpent du jardin d'Eden. Des figures du danger qui contredisent l'aspect doux et rassurant des plumes, et ne mettent pas en alerte la curiosité du spectateur pour les fascinantes oeuvres de l'artiste.
Exposée régulièrement au sein de nombreuses galeries, fondations ou lieux culturels, Kate MccGwire donne désormais une dimension plus monumentale à ses oeuvres. En effet, ses créatures se sont aujourd'hui libérées de leurs boites et se présentent dans des positions plus imposantes, posées à même le sol et prêtes à bondir sur le spectateur curieux mais mal à l'aise, voire effrayé, face à ce que l'oeil humain (et son cerveau) a du mal à raccorder au réel : les fondements mêmes de la peur en somme...