Pour la Marche des fiertés, nous avons recueilli quelques mots de la Maire de Paris, Anne Hidalgo, engagée de longue date dans la défense des droits LGBT.
La Marche des fiertés de Paris partira cette après-midi à 14h30 du Louvre pour se terminer Place de la Bastille. Cette Marche revêt un caractère particulier pour plusieurs raisons. Tout d'abord car son organisation ne s'est pas déroulée comme à l'accoutumée. Après avoir été décalée, la Marche des fiertés a finalement été raccourcie pour des raisons de sécurité. Ensuite, cette Marche viendra évidemment rendre hommage aux victimes d'Orlando et par là même rappeler la nécessité de combattre les LGBTphobies au quotidien.
Anne Hidalgo est engagée de longue date dans la défense de droits LGBT, tant comme Première adjointe de Bertrand Delanoé que comme Maire de Paris. Cette année encore, elle fera partie du cortège. TÊTU a pu l'interviewer en marge de l'événement afin de recueillir ses impressions sur la Marche des fiertés 2016.
La communauté LGBT a été durement frappée lors de la tuerie d’Orlando. L’édition 2016 de la Marche des fiertés revêt de fait une dimension symbolique toute particulière. Quel message souhaitez-vous adresser à la communauté LGBT ?
La Marche des Fiertés sera évidemment empreinte d’une émotion particulière, cette année. Nos pensées iront vers les victimes de l’attentat odieux perpétré à Orlando. Pour eux, pour leurs proches, pour tous les défenseurs de l’égalité dans le monde, nous affirmerons notre attachement indéfectible au respect des Droits de l’Homme et notre détermination à lutter contre toutes les formes de discrimination.
Alors que cette année la Marche des fiertés doit plus que jamais permettre une meilleure visibilité de la communauté LGBT, elle a pu sembler être remise en cause ou tout du moins fragilisée par les nombreux rebondissements entourant son organisation (parcours, date, sécurité…). Conscient du contexte exceptionnel cette année (attentat, Euro…) et bien qu’une partie de l’organisation de la manifestation incombe à la Préfecture de police de Paris, comment souhaitez-vous œuvrer afin que la Marche des fiertés soit consolidée pour les années à venir ?
Paris apporte un soutien politique historique à la marche depuis 2001, principalement pour en renforcer la visibilité. Par exemple, cette année encore, l’Hôtel de Ville porte les couleurs arc-en-ciel sur sa façade, de même que sur d’autres mairies d’arrondissements. Mais j’ai tenu à aller plus loin. Pour la première fois cette année, Paris a signé une convention de partenariat avec l’Inter-LGBT et lui apporte un soutien financier. Nous accueillons au sein d’équipements municipaux des évènements de la Quinzaine des fiertés, qui précède la marche. Cette Quinzaine des fiertés qui se tient pour la première fois à Paris est une excellente initiative : elle accroit la visibilité de la Marche et en fait le point d’orgue d’une mobilisation plus large. Je souhaite que notre partenariat se renforce et s’enrichisse au fil des ans. Pour 2017, nous avons d’ores et déjà prévu, par exemple, le pavoisement d’une partie du parcours de la Marche aux couleurs de l’arc-en-ciel.
L’une des porte-paroles de l’Inter-LGBT a récemment indiqué dans nos pages qu’elle souhaitait que le cortège de tête soit uniquement composé de militants et d’associatifs, et non pas de représentants politiques comme c’est traditionnellement le cas. Ceci afin de protester contre l’action du gouvernement jugée insuffisante, notamment en ce qui concerne le droit des trans (d’où le mot d’ordre de la Marche cette année). Comprenez-vous le choix de l’Inter-LGBT ?
La Marche des fiertés est avant tout un temps militant, qui doit mettre en valeur l’action des personnes engagées et leur permettre de porter leurs revendications. Il s’agit d’un évènement culturel et festif mais aussi militant, ce qui est très important.
La Pride de Nuit – mouvement associatif et militant alternatif - avait, quant à elle, un mot d’ordre assez sévère à l’encontre du PS (PS : la fierté c’est pas son genre). Comprenez-vous le mécontentement d’une partie de la communauté LGBT envers votre famille politique ?
La loi Taubira en faveur du mariage pour tous constitue une avancée majeure. Il faut aller plus loin, je l'ai dit et le redis, notamment avec l’ouverture de la PMA aux couples de femmes et la simplification du changement d’état civil. À Paris, nous permettons d’ailleurs aux Parisiens détenteurs de la carte citoyenne de choisir librement leur genre, ou de ne pas le mentionner.
Enfin, quelles sont à l’échelle de la ville les actions et initiatives qu’il vous semble essentielles de mettre en place pour soutenir la communauté LGBT ?
Nous apportons notre soutien financier à des associations luttant contre l’homophobie et la transphobie. Je pense notamment au centre LGBT, qui accueille plus de 80 associations et possède une mission cruciale d’information, de prévention et d’accompagnement. Une nouvelle convention d’objectifs entre la Mairie de Paris et le centre LGBT Ile-de-France a été présentée au Conseil de Paris, il y a moins d’un an. D’une durée de 3 ans, elle sécurise la subvention de fonctionnement de 110.000 € que Paris verse au centre LGBT et détermine ses axes de travail.
Nous avons aussi signé en octobre 2015 la charte LGBT de l’association l’Autre Cercle, qui engage Paris à mener une politique exemplaire de ressources humaines en faveur des personnes lesbiennes, gay, bisexuelles et transgenres. Dans la même idée, nous travaillons aussi avec les autres villes-mondes à l’international, afin de partager les bonnes pratiques mises en œuvre ailleurs, et nous avons également proposé la candidature de Paris au Rainbow City Network. Je suis déterminée à mieux valoriser l’identité gay-friendly de Paris : nous sommes très fiers de cette identité qui reflète la diversité et la singularité de notre capitale. Notre ville sera toujours un rempart face à l’homophobie, car l’ouverture à l’autre et la tolérance font partie de son ADN.
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