La Roumanie conforte la position des anti-gays

Par Julie Baret le 21/07/2016
Roumanie mariage pour tous Cour constitutionnelle

Hier, une décision rendue par la Cour constitutionnelle roumaine a conforté les anti-gays du pays qui militent contre le « mariage pour tous ».

Hier, la Roumanie aurait pu prendre la défense des droits LGBT ; elle a préféré suivre la mouvance conservatrice. Mercredi 20 juillet, la Cour constitutionnelle de Roumanie examinait un amendement constitutionnel proposant de modifier la définition du mariage, non plus comme l’union de deux « conjoints », mais comme l’union d’un homme et d’une femme, alors même que le pays ne reconnaît toujours pas les unions de couples homosexuels. Cette modification, si elle est appliquée, inscrirait donc dans la Constitution roumaine l’interdiction du mariage entre personnes de même sexe, barrant la route à toute avancée sociale sur le sujet dans les années à venir.
Hier, les neuf juges composant la Cour constitutionnelle de Roumanie ont approuvé à l’unanimité la validité du texte, malgré les injonctions d’Amnesty International et d’une vingtaine d’autres organisations de défense des droits de l’homme.
Portée par la Coalition pour la Famille – un groupe conservateur soutenu par la puissante Eglise Orthodoxe roumaine – l’amendement constitutionnel peut désormais être présenté au Parlement d'autant qu’il a largement dépassé les 500 000 signatures nécessaires ; ses défenseurs se targuant même d’en avoir récolté 3 millions au mois de mai sur un pays qui compte moins de 20 millions d’habitants…

Après le Parlement, l'avis de la population

Si la proposition est approuvée à 75% par les deux chambres du Parlement roumain, alors le pays organisera un référendum pour décider si, oui ou non, la définition du mariage telle qu’elle est inscrite dans la constitution doit exclure toute opportunité d’égalité.
Outre le verdict rendu par la population, la plupart des associations LGBT de Roumanie craignent qu’une telle consultation publique ouvre la voie à un déferlement de propos homophobes dans le pays. Parmi elles, l’association MozaiQ reconnaît que la conjoncture n’est pas favorable à la communauté LGBT, mais voit aussi dans cette affaire l’occasion pour les Roumains de se prononcer en faveur de la laïcité et contre la mainmise de l’Eglise Orthodoxe sur le pays, comme s'en exprimait le président de MozaiQ le mois dernier :

La communauté LGBT de Roumanie semble avoir très peu d’options dans cette bataille qui l’oppose au Goliath qu’est l’Eglise Orthodoxe. Les groupes [LGBT] locaux sont mal financés, très peu de personnes sont sorties du placard et prêtes à représenter la cause, et il y a toujours cette peur au sein des militants de demander ouvertement la légalisation du mariage gay.
Dans les jours et les mois à venir, la Roumanie affrontera une décision majeure qui ne concerne pas seulement les droits LGBT mais aussi le chemin qu’elle veut prendre au regard de la démocratie, des valeurs européennes, de la séparation de l’Eglise et de l’Etat, et de la protection des minorités.
Elle peut aussi choisir de revenir à un passé où l’avortement et l’homosexualité étaient illégaux, ou alors aller de l’avant et défendre ses citoyens LGBT, en faveur de l’égalité et de la justice pour tous, sans distinction d’origine, d’ethnie, d’orientation sexuelle, d’identité sexuelle, de capacité physique ou de statut socio-économique.

Pour en savoir plus :

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En couverture : manifestation anti-gay en Roumanie - crédit photo Twitter