Moqtada al-Sadr, leader chiite, demande que cessent les exactions envers les personnes LGBT. Une prise de position largement saluée.
C'est l'un des chefs politico-religieux les plus puissants d'Irak. Moqtada al-Sadr descend d'une influente famille chiite et bénéficie d'une importante aura politique et sociale acquise en s'opposant aux Américains en 2003 ainsi qu'en faisant entrer son mouvement, "Les Déshérités", au Parlement irakien.
Dans une déclaration publiée la semaine dernière, Moqtada al-Sadr a appelé à cesser les violences envers la communauté LGBT, considérant qu'ils avaient le "droit de vivre" et qu'il fallait leur montrer le "droit chemin d'une manière acceptable". Néanmoins, il a tenu à rappeler que l'homosexualité était une "maladie psychologique", "une instabilité mentale qui donne envie à des hommes de ressembler à des femmes" et qu'il fallait "isoler socialement" les personnes LGBT ou considérées comme telles. Pourtant, c'est la première fois qu'un leader religieux condamne les exactions commises contre la communauté LGBT en Irak.
De fait, cette prise de position a été largement saluée par les ONG, au premier rang desquelles Human Rights Watch (HRW). Interrogé par RFI, Ahmed Benchemsi, directeur de plaidoyer et de communication auprès de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord de l'organisation a déclaré :
C'est tout sauf anodin, une déclaration pareille. Il dit que les relations homosexuelles ne sont pas acceptables parce que ceux qui ont ce type de relations «souffrent de problèmes psychologiques», je le cite; mais qu'ils avaient quand même le droit de vivre. Il faut se dissocier d'eux, mais pas les attaquer. C'est loin d'être acceptable d'un point de vue de Droits de l'Homme. Cela dit, venant de quelqu'un qui dirige des milices armées qui dans le passé se sont illustrées par des exactions et des meurtres contre des homosexuels, cela mérite d'être souligné, oui !
Un constat que partage l'association LGBT Iraqueer :
[Cette déclaration] traduit une profonde méconnaissance de la sexualité - considérant toujours l'homosexualité comme une maladie mentale -, et traduit combien la distinction entre orientation sexuelle et identité de genre est encore obscure en Irak. Toutefois, cette déclaration représente une énorme avancée par rapport à l'époque où il menait l'Armée du Mahdi (l'une des milices contrôlée par Moqtada al-Sadr), au début des années 2000 et jusqu'il y a peu de temps, et où il était directement responsable des massacres perpétués contre des personnes LGBT et ceux perçus comme ayant une orientation sexuelle différente.
Des massacres qui ont lieu régulièrement en Irak, notamment à Mossoul - la deuxième ville du pays contrôlée par Daesh -, dans laquelle les personnes suspectées d'homosexualité et/ou de pratiquer la sodomie sont jetées du haut d'un immeuble. Iraqi News révèle que la dernière exécution en date s'est déroulée samedi dernier lorsque quatre hommes, dont deux membres de l'organisation terroriste, ont été mis à mort devant la foule attroupée au pied d'un immeuble.
Pour en savoir plus :
[contact-form-7 404 "Non trouvé"]